|
ON A ATTENDU
LES MARIES
Samedi,
tout Sévignac était en émoi ; les « mariés »
n’arrivaient pas ; les parents de leurs deux familles, les
quelques 80 invités venus parfois de très loin, le recteur et le maire
se demandèrent ce qui avait motivé ce retard. Il était en effet 10h.
45 et le mariage devait être célébré à 11h.
Et
puis ce fut le coup de téléphone – le premier - : « Ne
vous impatientez pas, disait-on de Mégrit. Ils ont eu un petit
accrochage. ».
De
plus en plus inquiets, les gens de la noce voulaient en savoir davantage ;
on leur apprit que « la mariée »
allait revenir toute seule, et finalement ils surent réellement
ce qui s’était passé ».
Monsieur P.G., 25
ans conducteur de bulldozer à Lanvallay, et demeurant à Sévignac
devait épouser samedi Mlle I.R, 20 ans, employée de l’E.D.F. à
Dinan.
Vendredi soir, ils avaient décidés
de se rendre à Dinan, le matin même de leur mariage pour s’habiller,
se faire coiffer, se faire photographier. « Le marié »
avait dit vendredi : « Demain
je serai chauffeur en costume… » Il avait demandé à son
oncle de lui prêter sa 403, plus habitable que sa voiture personnelle.
Vers 8 h. on partit donc à Dinan. Parvenus dans cette ville « la
mariée » mit sa robe blanche, « le marié » son
costume, et après avoir pris à bord de la voiture les deux demoiselles
d’honneur Mlles M.P. & M-T.L. Mlle G. directrice du foyer des
jeunes travailleuses, et M. C.G. 17 ans, apprenti boucher à Dinan, la
403 se dirige vers la bourgade où attendaient les invités.
plein bourg de Mégrit, ce
fut l’accident ; il était 10 h. 30. La voiture percuta
violemment un camion de la Maison R.S. de Maroué, qui venait de Jugon,
et était conduit par Mr J. C. 36 ans, de Lamballe : le
camion avait déjà brusquement franchi le carrefour formé par
l’intersection du C.C. 62 et du C.D. 19 lorsque la voiture s’écrasa sur l’arrière. Immédiatement les
secours s’organisèrent. On retira de la voiture, sérieusement
endommagée les victimes plus ou moins blessées au cours de la
collision : « La mariée » la robe blanche tachée de
sang, blessée au visage,
le « marié » souffrant de la jambe, les demoiselles
d’honneur, Mlle G. blessée à l’épaule, furent dirigés sans
retard sur Dinan,
où ils devaient être admis en clinique.
Mr C.G devait regagner Sévignac dans la soirée mais souffrait
de contusions multiples. Malgré l’accident la mariée tenait à ce
que les invités prennent le repas, mais il n’en n’était évidemment
pas question.
Sévignac on disait :
« Ils n’auraient pas dû aller à Dinan ; j’avais le
pressentiment… ». Enfin
tout ce qui peut être dit en de telles circonstances. Invités
et musiciens prirent bientôt le chemin du retour, non
sans penser à ceux qui se trouvaient en observation à la
clinique. Cependant on su que l’accident n’aurait pas de
circonstances tragiques. On apprit que tout allait pour le mieux
possible, et les visages sombres, il y a un instant s’éclairèrent
d’un sourire.
A la tristesse succéda
l’espoir de revenir un
jour prochain à Sévignac pour assister cette fois au mariage.
« Mais ce jour là qu’ils ne comptent pas aller à Dinan disait
le père de la mariée ». 12 novembre 1962.
Aujourd’hui,
les mariés sont devenus de paisibles retraités établis à Quévert,
ils vivent entourés de
leurs enfants et de leurs petits
enfants.
|
|