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Généarmor - la genèse

samedi 18 octobre 2008, par JCLB
MOTS-CLÉS :  / genearmor

 

Beaucoup de généalogistes costarmoricains utilisent le moteur de recherche Généarmor, fruit d’une convention conclue entre le Centre Généalogique des Côtes-d’Armor, les Archives départementales et le Conseil Général de ce département ; mais, combien d’entre eux en connaissent l’historique ?

Il nous a paru intéressant de vous remémorer la naissance de Généarmor jusqu’à sa mise en ligne en 2002.

Vous trouverez ici la genèse de cet outil qui, plus de dix années après ses balbutiements, reste encore unique dans le monde généalogique national et, sûrement aussi, international par son accès libre et gratuit d’une base de données généalogiques de plus de cinq millions d’actes.


1 - Jérôme FLOURY

Guy MAHÉ et Jean-Claude LE BLOAS ont fait la connaissance de Jérôme et de son compère Gildas LE DÛ lors du mini-congrès de généalogie bretonne en 1996 à Rennes, ville où ils effectuaient leurs études :
• le premier en informatique,
• le deuxième en économie.

Tous les deux, passionnés d’informatique et de généalogie, ont leurs racines dans les Côtes-d’Armor ; il n’est alors pas étonnant qu’ils furent emballés par l’entreprise de centralisation des généalogies costarmoricaines, lancée à cette époque, depuis près de 6 ans, par Guy et Jean-Claude.

Le courant étant passé entre eux, la base de données leur fut confiée. Jusqu’alors, cette base était essentiellement utilisée pour la détection de cousinages entre correspondants et, accessoirement, la localisation de patronymes rares ; Guy et Jean-Claude savaient qu’en leur offrant cette base, ces deux fêlés d’informatique en tireraient autre chose mais ils étaient loin de penser que cela puisse déboucher sur le produit actuellement mis à la disposition des généalogistes costarmoricains.

À partir de la base de données et moyennant quelques nuits blanches, Jérôme et Gildas commencèrent à éditer des cartes de localisation de patronymes et des statistiques (chères au second) qui corroborent, par exemple, la répartition des mariages dans l’année. Ce travail donna lieu à plusieurs présentations (Guingamp, St-Brieuc,…).

Parallèlement, le Centre Généalogique des Côtes-d’Armor décidait de mettre ses relevés systématiques de registres paroissiaux (BMS) sur serveur minitel (3617 ABMS) et confiait, par l’intermédiaire de Guy MAHÉ, cette deuxième base de données à Jérôme afin d’enrichir ses données.

Fin 1998, vint le moment pour Jérôme de trouver son stage de fin d’études ; après un essai avorté avec une entreprise parisienne et poussé par Guy, il contacta Anne LEJEUNE, directeur des Archives départementales de St-Brieuc, pour lui proposer de mettre en place un outil de recherche à la disposition des généalogistes.

Sa démarche fut acceptée et le projet put se réaliser grâce à un partenariat entre le Centre Généalogique et le Conseil Général.

Il a conduit au développement d’un Intranet (Internet local) pour la consultation de bases de données généalogiques baptisé Généarmor.

2 - GÉNÉARMOR

Nous n’allons pas décrire dans le détail cet outil mais essayer, simplement, d’indiquer ses principales fonctionnalités et astuces et montrer que ce produit, unique dans les services d’archives français, est une avancée technologique hors du commun.

Généarmor est un projet de diffusion sur Internet de données généalogiques et archivistiques.

Il est composé de deux parties :

  la création d’une base de données, ainsi que la réalisation d’un logiciel d’administration et de maintenance de cette base ;
  la réalisation d’un site web interactif permettant la consultation des données.

2.1 - Fonctionnalités

Quelques fonctionnalités très importantes du projet sont listées ci-après :

- gestion des équivalences toponymiques :

Le réseau toponymique breton est extrêmement complexe ; en effet :
  une paroisse sans succursale a pu donner naissance à une commune actuelle :
— sans changement de nom,
— avec changement de nom ;
  une paroisse avec succursale(s) a pu donner naissance à une commune actuelle, de la même façon ;
  une paroisse avec ou sans succursale a pu disparaître au profit d’une de ses succursales ;
  une succursale a pu donner naissance à une commune à part entière, avec ou sans changement de nom ;
  plusieurs succursales ont pu fusionner ;
  des paroisses ont été incluses dans les départements limitrophes ;
  etc.

Généarmor maintient toutes ces informations dans une structure logique et permet :
  d’associer des toponymes entre eux pour effectuer une recherche qui soit la plus exhaustive possible ;
  de donner une entrée pour chaque toponyme existant, afin de réaliser une liaison cohérente avec les cotes des documents ; en effet, les cotes portent indifféremment sur une trêve, paroisse, ou commune, qu’elle ait changé de nom ou pas ;
  d’assurer la liaison entre une commune actuelle et des noms de lieux qui ont disparu, notamment pour la cohérence de la carte interactive.

Généarmor est donc doté d’une table Toponyme ; des liens récursifs sur cette table permettent d’introduire des relations de dépendance entre les toponymes, comme l’appartenance à un diocèse ou une sénéchaussée ; par exemple, on peut trouver, dans le département :

Bonen :
  diocèse de Quimper,
  sénéchaussée de Hennebont,
  canton de Lannion,
  arrondissement de Guingamp,
  succursale de Plouguernével,
  aujourd’hui sur le territoire de Rostrenen ;

cette commune était d’abord une succursale de la paroisse de Rostrenen ; elle dépendait d’un diocèse et d’une sénéchaussée qui sont aujourd’hui dans un autre département ; elle est ensuite devenue commune à part entière pour faire partie du canton de Lannion, mais a été par la suite fusionnée à l’intérieur même de Rostrenen.

Cet exemple parmi tant d’autres montre la complexité du réseau toponymique du département.

- gestion des approximations phonétiques :

Généarmor intègre un phonétiseur patronymique.

Les patronymes et les toponymes d’une base de données généalogique ne sont jamais normalisés. Ils sont tributaires d’une part de la politique qui a été adoptée par la personne réalisant la saisie, et d’autre par de la façon dont ont été rédigés les actes. D’une manière générale, toute base de données contient des variations orthographiques importantes, pour des mots qui sont pourtant équivalents.

Dans la base de données, on pourra trouver par exemple les patronymes ALES, L’ALES, ALES (L’), ALLES, ALLEZ, L’ALLEZ, qui sont équivalents. Lorsqu’on pratique une recherche dans la base de données, il apparaît qu’interroger brutalement sur le patronyme demandé ne suffit pas. En effet, un très grand nombre d’informations est perdu, car la personne effectuant la recherche ne peut pas savoir, a priori, quelles sont les variations orthographiques qu’a pu subir un patronyme.

Il est aussi intéressant d’intégrer la gestion de l’orthographe bretonne, qui est entièrement due à la prononciation des mots, le breton étant, à l’origine, une langue parlée. Le phonétiseur réalisé utilise l’idée de l’outil Soundex ; il permet la prise en compte des mots français et reste assez flexible pour recevoir des modules gérant les accents de plusieurs régions.

Ce phonétiseur a été testé sur une base de données de 4000 patronymes.

Voici les réponses engendrées par les questions suivantes
(Question et Patronymes trouvés, ligne suivante) :

GUEGAN
GUEGUAN, GUEGUEN, GUEGAN

GORNE
GORNE, GORNAY, GORNAYE, GORNES

ERNO
ERNO, ERNAULT, ERNAUT, ERNEAU, ERNOT, HERNAU, HERNOT

KALVE
CALVEZ, CALVEZ (LE), CALVE, CALVES, KALVE

Une fois la base de données remplie (110 000 patronymes), quelques essais ont donné les résultats suivants :

ROUX
REAULT ?, ROXXX, ROUZS, ROUX (LE), ROTTS, ROUES (LE), RHAUT, (LE ROUX, ROUET (LE), ROS (DU), ROU ? ?, RO (LE), REAUT, RO, ROU (LE), ROUTZ, ROUX ? (LE), ROUX (LE), ROUE ?, ROUZ (LE), ROU…, ROUS (LE), ROUH (LE), ROULT

BALC’H
BALCH (LE) ?, BALCH ?, BALCH, BALCHE, BALHC, BALC (LE), BALC’H (LE), BALCH (LE), BALC’H, BALCHE (LE), BAL’CH

PARANTHOEN
PARANTHOEN, PARANTHOUAN, PARANTHOAN, PARANTHOEN (LE),
PARANTHOIN, BARANTHOEN

- possibilité de lier des événements à une cote de document

Lorsqu’un chercheur trouve la personne ou l’acte convoité, le logiciel lui indique la cote du document à consulter.

- gestion des équivalences patronymiques (autres que phonétiques)

Le logiciel traite certaines spécificités de la langue bretonne où, la même personne peut, par exemple s’appeler sur deux actes Falher et Faucheur ou Tinevez et Maisonneuve…

- réalisation d’un modèle simple, mais évolutif

Le logiciel permet d’ajouter, ultérieurement, d’autres bases de données, comme le dépouillement de registres notariaux ou militaires.

2.2 - Le logiciel

Le logiciel Généarmor a été écrit en Visual Basic 6.0. C’est, d’une manière générale, un logiciel très classique de gestion de base de données, l’objectif principal du projet étant la diffusion sur Internet.
Différents outils ont été développés pour le projet :

- Le tri des dates

Ce système permet de gérer simultanément les deux calendriers (grégorien et républicain), avec une certaine approximation (en effet une année révolutionnaire peut être à cheval sur deux années Grégoriennes).

- La fusion d’entités

Il est apparu, lorsqu’on importe des données, que la différence de graphie de certains mots (comme les toponymes ou les types d’événements) engendre des problèmes ; par exemple, un import des relevés de naissances de Kergrist-Moëlou a engendré une dizaine de toponymes qui se sont avérés être les mêmes : Kgrist Moëlou, Kergrist-Moellou, Kgris Mouelou, etc. Il a donc été utile de développer des fonctionnalités permettant de fusionner deux toponymes.

2.3 – Utilisation de Généarmor

- Données mises à disposition du chercheur

Ce sont les cotes des documents se rapportant à l’état-civil et aux registres paroissiaux et les relevés systématiques (naissances, mariages et décès) effectués par les bénévoles du Centre Généalogique des Côtes-D’Armor.

- Le formulaire de recherche

Le but premier de Généarmor est de trouver les actes concernant un individu ; pour cela, le chercheur dispose, affiché sur le moniteur du serveur, d’un formulaire de recherche :

Le formulaire de recherche


3 - LES RÉSULTATS

Ils s’affichent à l’écran, la recherche pouvant être affinée et complétée.

Les résultats (1/2)


Les résultats (2/2)


4 - LES CARTES

- la carte interactive des Côtes-d’Armor

Cet outil permet au chercheur d’accéder, de manière interactive, à des renseignements (cotes d’archives) concernant les communes costarmoricaines :

Carte interactive des Côtes-d'Armor


2 - carte de répartition géographique

Cet outil permet de visualiser la répartition géographique, sur le département d’un patronyme ; la figure suivante représente, par exemple, celle du patronyme LABIA :

Répartition géographique d'un patronyme : les LABIA


5 - MISE EN LIGNE DE GÉNÉARMOR

En juillet 1999, Généarmor était mis à la disposition des chercheurs dans la salle de lecture des Archives Départementales ; le but étant, de déboguer le système. Le serveur Généarmor était alors consultable à partir de plusieurs terminaux situés :
  aux Archives départementales,
  au Conseil Général.

L’accès nécessitait un mot de passe ; la consultation pouvant, dans le futur, s’effectuer à partir d’autres terminaux (bibliothèques municipales, services d’archives municipales, mairies, le Centre Généalogique des Côtes-d’Armor…), puisque le système peut utiliser Internet.

Il a été décidé de tester l’audience potentielle du site, via Internet, lors de plusieurs occasions (fête Internet, Salon de la Généalogie Bretonne).

Le 24 mars 2001, lors de l’Assemblée Générale du Centre Généalogique des Côtes-d’Armor, sa présidente, Jeannine BLONCE annonçait l’ouverture totale et gratuite de Généarmor sur Internet. Cette ouverture nécessitait un préalable qui était la mise à jour de la base de données et son installation sur un serveur plus performant.
Jérôme FLOURY ayant effectué ces travaux, l’ouverture provisoire de Généarmor était effective le 18 octobre 2001 ; cette ouverture, annoncée sur le groupe de discussion du CG22, avait pour but de détecter d’éventuelles anomalies.

Après une remise en sommeil, le temps de résoudre les dysfonctionnements détectés, Généarmor rouvrait, de manière définitive.

Le système Généarmor appartient au Conseil Général des Côtes d’Armor qui peut le transmettre à d’autres conseils généraux. Moyennant quelques adaptations (cartographie) et, bien entendu, des partenariats entre Cercles Généalogiques, Services d’Archives départementales et Conseils Généraux, on pourrait ainsi, dans quelques années, nationaliser un tel système.

Voir en ligne : Genearmor





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