Mise à jour le : 23/05/04

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D’où vient le breton ?

Le breton est une langue celtique qui appartient au groupe brittonique, comme le gallois et le cornique (du Cornwall ou Cornouailles, à ne pas confondre avec notre Cornouaille continentale). Le gaulois appartenait lui aussi au rameau brittonique.

Le rameau gaélique comprend quant à lui le gaélique d’Irlande ou irlandais, le gaélique d’Ecosse et le manx ou mannois (île de Man).

Les différences entre ces deux groupes font que les auteurs anglophones parlent parfois de P-Celtic et Q-Celtic : là ou le breton dit penn, le gaélique d’Ecosse dit ceann.

En colonisant cette portion de l’Armorique que l’on nomme aujourd’hui Bretagne, les (Grands-) Bretons ont importé une nouvelle langue brittonique sur le continent alors que le gaulois s'éteignait. Au cours des siècles, le brittonique insulaire a été refoulé au Pays de Galles et en Cornouailles.

 

Evolution

On distingue généralement 3 périodes dans l’histoire du breton :

  • le vieux breton, du Vème au XIème siècle

  • le moyen breton, du XIIème siècle au XVIème siècle

  • le breton moderne depuis le XVIIème siècle.

A l'époque du vieux breton, l’intercompréhension est aisée avec nos cousins de Grande-Bretagne, on peut même parler de deux dialectes d’une même langue. Mais au fil des siècles, ce sont deux, puis trois langues distinctes qui se développent. Le cornique, langue éteinte au XVIIIème siècle et ressuscitée au XXème, est plus proche du breton que du gallois.

On déplore le manque de matière écrite en vieux breton. Peu de choses nous sont parvenues, hormis des noms de lieux ou de personnes conservés dans les cartulaires, et quelques gloses dans des ouvrages rédigés en latin.

Si la perte des plus vieux manuscrits est souvent attribuée aux raids normands des IXème et Xème siècles, il faut aussi garder à l'esprit que dès le haut-moyen-âge le latin s'est substitué au breton comme langue de l’administration.

La victoire d’Alain Barbe-Torte sur les Normands en 937 marque le retour de la noblesse bretonne qui lors de son exil en France avait appris le roman. Le pouvoir ducal est maintenant fermement établi à Nantes, au plus près de la frontière française, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la langue des élites. Ainsi, le dernier duc à parler breton fut Alain IV Fergent qui régna de 1084 à 1112.

L’influence linguistique romane va croître à partir du XIIème siècle, parallèlement à l’influence politique des rois de France qui se feront de plus en plus pressants, jusqu'à imposer à la tête du duché un Capétien, Pierre Mauclerc, qui pourtant assurera l'indépendance de la Bretagne. Il faut encore garder à l’esprit que l’Est de la Bretagne n'était pas bretonnant mais que l'on y parlait gallo.

C’est à Jehan Lagadeuc, de Plougonven, que l’on doit le Catholicon, premier dictionnaire trilingue français-breton-latin compilé en 1464.

A cette époque la frontière linguistique semble déjà stabilisée. Si, au IXème siècle, on parlait breton jusqu'à Dol, Montfort, Blain et Donges, en 1588 l'historien d'Argentré fait partir la frontière des environs de Binic au nord pour rejoindre Guérande au sud en contournant par l'ouest Loudéac, Josselin et Malestroit. En 1886, la ligne dessinée par Sébillot a reculé de quelques kilomètres : elle part de Plouha pour atteindre Batz-sur-Mer.

Notons au passage que l'on parle de Basse et Haute-Bretagne car on tenait autrefois les cartes non par le Nord mais par l’Est.

Au début du XXème siècle, on évalue à 1.200.000 le nombre de bretonnants. Si le breton reste la langue des paysans de Basse-Bretagne, le français se développe à partir des villes.

La 1ère guerre mondiale porte un premier coup à la langue bretonne en francisant toute une génération d'hommes. Mais c'est après la 2nde guerre mondiale que le déclin s'amorce réellement, lorsque les parents bretonnants décident de ne pas transmettre une langue qu'ils ont été amenés à considérer comme un fardeau.

Le sujet prête à polémique, les arrière-pensées politiques sont rarement absentes du débat et chacun se renvoie la faute : certes, les Bretons ont abandonné leur langue, mais on ne peut nier que la France ait fait (et continue de faire ?) tout son possible pour éradiquer ses langues minoritaires.

 

Où va le breton ?

Il n’existe pas de chiffre officiel, les recensements français ne comportant pas de questions linguistiques. Pour comparaison, le Royaume-Uni s'est donné la peine de dénombrer ses 58.650 locuteurs gaéliques. On comprend donc qu'en ce qui concerne la Bretagne, les chiffres les plus divers circulent. On évoque de 240.000 à 400.000 bretonnants, bien sûr de niveaux inégaux.

Certes, l’image du breton a changé de façon spectaculaire : 4 Bretons sur 5 souhaitent maintenant la survie de cette langue. Mais bien peu l’apprennent. On évalue le nombre d'adultes fréquentant les cours du soir à environ 10.000.

Aujourd’hui, Les deux tiers des bretonnants ont plus de 60 ans. Malgré les promesses et déclarations d'intentions, les effectifs des écoles bilingues privées et publiques semblent trop faibles pour assurer l’avenir du breton en tant que langue vivante. Les obstacles institutionnels semblent insurmontables, la Constitution est systématiquement invoquée pour empêcher toute avancée sur la question des langues dites régionales.

Une langue parlée depuis 15 siècles risque de s’éteindre. Sur 6.000 langues parlées dans le monde, on estime que la moitié disparaîtront avant 50 ans…

 

Quelques idées reçues

"Le breton est un patois, dialecte ou je-ne-sais-quoi".

Un patois est une déviance à partir d'une norme reconnue, autant dire une sous-langue. Or, il n’existe de hiérarchie linguistique que dans quelques cerveaux bloqués sur un siècle qui produisit une hiérarchie des races propre à justifier les guerres coloniales. Ce terme est donc à proscrire tant que possible. Le breton est une langue qui comprend plusieurs dialectes entre lesquels l’intercompréhension est possible.

"Il y a plusieurs bretons, les bretonnants ne se comprennent pas entre eux".

Si c’était le cas, alors le breton ne serait plus une langue mais un groupe linguistique comptant plusieurs langues, et depuis le temps cela se saurait. Le breton ne disposant pas de commission de censure autoproclamée, il autorise diverses variantes dialectales, ce qui peut effectivement sembler bizarre au pays de l'Académie.

Il n’y pas de bon ou de mauvais breton. Les tentatives plus ou moins heureuses qui ont visé ces deux derniers siècles à produire un breton littéraire n’ont pas pour autant uniformisé cette langue. Bien sûr, un néo-bretonnant du Trégor aura quelque mal à comprendre un Vannetais, tout comme un prof d’anglais développe de sérieux doutes sur ses connaissances linguistiques le jour où il demande son chemin à Glasgow…

"On ne peut pas tout dire en breton".

Le français s’est créé quantité de néologismes au cours des siècles, empruntant surtout au grec et au latin. Le même travail d’emprunt ou de construction de nouveaux termes a été accompli pour le breton.

"Le breton, ça sert à rien".

La musique non plus. Si vous cherchez un argument d'ordre utilitaire pour apprendre le breton, peine perdue pour le moment. Non, comme pour la musique, on n'apprend pas le breton pour avoir un bon travail, pour voyager, pour faire des affaires, on l'apprend pour le plaisir. Chacun le sien, au choix on peut trouver que c'est un dépaysement, une langue mélodieuse, une langue riche de possibilités, une langue qui nous explique où nous vivons, une langue qui nous enracine…

Amis généalogistes dubitatifs, remplacez maintenant "musique" ou "breton" par votre hobby et songez au regard incrédule de vos collègues ou de certains de vos proches quand vous leur expliquez que vous passez votre temps libre à débusquer vos ancêtres, que vous choisissez votre lieu de vacances en fonction de vos recherches, que vous conversez sur le net avec un cousin au 15ème degré… Pourquoi se donner tout ce mal ? Pour le plaisir, plaisir d'apprendre, de voir de nouvelles têtes, de nouveaux lieux, etc...

 

Bibliographie sommaire :

  • Association Buhez, Parlons du breton – Ouest-France

  • Ronan Le COADIC, L'identité bretonne – Terre de Brume

  • Francis FAVEREAU, Bretagne contemporaine – Skol Vreizh

  • Léon FLEURIOT, Les Origines de la Bretagne – Payot

  • Francis GOURVIL, Langue et littérature bretonnes – Que-Sais-je ? P.U.F.

  • Fañch MORVANNOU, Le breton sans peine – Assimil (20 minutes par jour)

 

Liens :

sur la langue bretonne

cours de breton

associations

dictionnaires en ligne

sur le gallo

sur les minorités linguistiques de France et d'Europe

L'onomastique bretonne

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