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2008 - Promenade en Argoat, sur les traces de Lady MOND

lundi 16 juin 2008, par JCLB
MOTS-CLÉS :  / sorties / vie_sociale / edifices / industrie / exposition / patrimoine

 

La sortie 2008 du Centre Généalogique des Côtes-d’Armor a conduit les participants vers la région de Belle-Isle-en-Terre.


Belle-Isle-en-Terre || Locmaria || sabotier || musée du gouren || déjeuner || papeteries Vallée || Loc-Envel
Sortie 2008 du CG22

La météo des jours précédant la promenade ne laissait pas présager le beau temps ; mais..., miracle ! c’est par un matin radieux que le car a pris la direction de l’ouest.

Les "bobs" et casquettes sont de sortie...

Au programme :

La chapelle Saint-Hervé au sommet du Méné Bré

La route qui mène de Saint-Brieuc à Belle-Isle-en-Terre passe à proximité du Méné-Bré dont la "cerise" est la chapelle Saint-Hervé.

Monique JÉZÉQUEL rappelle que cette "montagne" a été maintes fois célébrée par des écrits d’Anatole LE BRAZ.

Sur le Méné Bré, ça barde...

Ce sommet a aussi été un haut-lieu du druidisme breton.


Jean-Claude LE BLOAS
fait, toutefois, remarquer que ce mont n’est pas le point culminant de la région puisque ses 301 m (hors chapelle) sont "largement" surpassés par les 304 m de Lan Buen en Gurunhuel où est né son père en 1912 qui était, d’aiileurs, appelé "Fanch Bihan Lan Buen"...

Le car quitte la "4 voies" pour emprunter la petite route qui descend vers le village de Locmaria où des "régionaux de l’étape", venus directement en véhicules personnels, rejoignent le groupe.


LOCMARIA

Locmaria

Ce village est niché à flanc de coteau, entre les hauteurs de Coat-Malouarn et celles de Pen-an-Nec’h ; il est situé de l’autre côté de la "4 voies" par rapport à Belle-Isle-en-Terre dont il dépend.

La route serpente dans le village constitué de plusieurs demeures dont certaines très belles pour déboucher sur un terre-plain qui jouxte le cimetière communal entourant la chapelle Notre-Dame de Pendréo distante de plus d’un kilomètre du bourg...

Cette chapelle du XVe siècle surplombe la vallée du Léguer.

Locmaria - le jubé

À l’intérieur, le visiteur découvre un jubé du XVIe siècle soutenu par quatre colonnes ciselées ; sa partie supérieure présente douze panneaux polychromes où figurent les apôtres.

Sous la voûte de la nef, on peut admirer de remarquables sablières dont Michel LE CHAPELIER nous indiquera leur destination...

Mausolée de Lady MOND

Le cimetière de Locmaria accueille plusieurs sépultures "intéressantes" :

Tout d’abord, le mausolée de Lady MOND au centre du "carré MANAC’H" ; ce mausolée a été construit en 1950 à l’image des ossuaires anciens afin d’accueillir les dépouilles de Maï LE MANACH et de son époux, sir Mond.

Sépulture de Lady MOND

Si Lady MOND repose toujours dans un tombeau de granit rose situé dans la crypte du mausolée, la dépouille de son époux a été, depuis, rapatriée vers l’Angleterre.

Des membres de la famille LE MANAC’H sont inhumés dans la crypte et autour du mausolée.

carré des sépultures Vallée

Le carré "VALLÉE" est situé au chevet de la chapelle ; on y trouve les sépultures des membres de la famille des papetiers de Belle-Isle-en-Terre.

Sépulture de Maurice Noguès

L’aviateur Maurice NOGUÈS (1889-1934) y est inhumé, son épouse était "une" Vallée.

Maurice NOGUÈS a inauguré la ligne postale France-Indochine et trouva la mort le 20 janvier 1934, son monoplan Émeraude s’écrasant à Corbigny dans la Nièvre.

Prince Kadiar

Enfin, une tombe discrète abrite les dépouilles de Pierre CLECH (1893 - 1963), Julienne CAOUISSIN (1893 - 1966) et.... Parviz Shah Nejad, Prince Kadiar (1944 - 1971).

Ce "Prince" serait, en fait, un neveu du Shah d’Iran, un de ses frères ayant épousé Françoise Pennoat, originaire de Plougonver.

Le Prince Kadiar, décédé dans un accident d’avion, aurait été inhumé dans la tombe de sa nourrice...

Nous quittons le lieu après avoir emprunté le petit chemin qui surplombe la vallée du Léguer choisi pour accueillir le "jardin du souvenir".


BELLE-ISLE-EN-TERRE

Belle-Isle-en-Terre

Le nom de la cité s’explique étymologiquement : c’est ainsi que sont traditionnellement nommées les cités situées au confluent de deux rivières, ici le Guic et le Guer.

Le pavillon MOND

Ce lieu est marqué par Lady MOND qui y a laissé son empreinte, en particulier par les nombreux bâtiments qu’elle y a financés :

  • l’ancienne gendarmerie : deux maisons jumelles situées dans la descente vers le bourg,
  • le château qu’elle a fait construire sur l’emplacement même du moulin de son père ; une anecdote : estimant qu’il était trop près de la route, elle le fit démolir puis reconstruire dix mètres plus en arrière...
  • le "pavillon MOND" qui abrite la mairie.
Le château de Coat-an-Noz

Par ailleurs, la forêt proche située entre Belle-Isle et Loc-Envel, abrite le château de Coat-an-Noz, construit de 1858 à 1890 par le Prince de FAUCIGNY-LUCINGE (famille d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing née SAUVAGE de BRANTES) pour son épouse Françoise de SESMAISONS et que sir Robert MOND offrira en 1929 à son épouse.

Le château de Coat-an-Noz

Le décès de Lady Mond en 1949 déclenche le déclin du domaine de Coat-an-Noz :

  • le mobilier de la défunte est vendu aux enchères en 1951 ; une des plus prestigieuses ventes que le pays ait connu aux dires même des commissaires-priseurs...,
  • la demeure est adjugée à la famille LE MANAC’H,
  • dans le même temps, la forêt est léguée à l’Etat.
    La suite est ponctuée de ventes aux enchêres, de saisies ; des projets les plus fantaisistes sont échafaudés...
    Le château évite de justesse la démolition mais, malheureusement, la bâtisse n’a plus sa prestance d’antan et se détériore d’années en années.


BERNARD KERVOAS, LE DERNIER SABOTIER DE L’ARGOAT

Le sabotier

L’atelier de Bernard KERVOAS est situé à côté de l’église ; il perpétue la tradition.

À Belle-Isle-en-Terre, chez les Kervoas on est sabotier de père en fils.

Une tradition familiale antérieure à la Révolution.

Dans son grand atelier, qui a abrité une cinquantaine de personnes, Bernard KERVOAS est désormais seul.

Dans l’odeur du hêtre frais, Bernard répète, depuis près de 30 ans, les gestes de ses ancêtres.

Machine de sabotier

Certes, le métier s’est un peu mécanisé.

On est loin du temps où 100 à 150 sabotiers travaillaient dans la forêt de Coat-an-Noz.

Son grand-père, puis son père ont mis au point plusieurs machines pour faciliter le travail comme une défonceuse particulièrement efficace pour affiner l’intérieur des sabots.

Fabrication de sabot

Les sabots de hêtres

La fabrication d’un sabot commence dans la forêt par le choix du hêtre qui va servir de matière première.

Ensuite une tronçonneuse spéciale (à trois bras et disposant d’une très longue lame) découpe l’arbre en morceau.

Des morceaux qui vont passer dans différentes machines : raboteuse, défonceuse, polisseuse, sécheuse...

La "signature" du sabotier

Bernard KERVOAS nous montre les différentes étapes qui permettent de transformer les ébauches brutes de morceaux de hêtre en une paire de sabots prête à être vernie.

Il nous explique que la taille du sabot s’exprime en centimètre, elle correspond à la longueur du pied plus l’épaisseur du chausson.
Le morceau de hêtre qui commence à ressembler à un sabot est ensuite poli.

Chaque sabotier imprime sur le dessus un dessin personnel, puis il est verni avant de recevoir un habillage de cuir et des semelles.
Pour réaliser cette véritable œuvre d’art unique, il faut un peu plus d’une heure.

Le sabotier fabrique également des claques pour les femmes. Il s’agit d’un sabot plus léger, plus élégant dont la partie supérieure est uniquement constituée d’une lanière en cuir.


LE CONSERVATOIRE DE LA LUTTE BRETONNE ET DES JEUX BRETONS

Musée du Gouren

Ce musée est hébergé dans l’aile gauche de la mairie.

Serge FALÉZAN, président, par ailleurs, de l’association Kouldri pour la préservation des colombiers, nous y accueille, accompagné de Yane KERVOAS, la sœur de notre sabotier.

Le musée a pour parrain Ronan LE BARS, le célèbre joueur de uillean pipes, et la gymnaste Émilie LE PENNEC, médaillée d’or aux barres asymétriques aux JO d’Athènes en 2004 et dont l’arrière grand-père, Jean LE PENNEC - dit Pennec Bras - fut un lutteur renommé dans les années 1950, ainsi qu’un fameux leveur de perche ; il fut dirigeant de l’USBP (Union Sportive des Bretons de Paris) dès les années 1950.

Serge Falézan

Le conservatoire du Gouren (terme breton pour lutte bretonne) abrite tous les objets qui ont été collectés depuis plusieurs années en rapport avec la lutte bretonne et les jeux bretons.

Il s’agit de photos, d’affiches et, bien sûr, d’objets comme la blouse de lutteur, les écharpes de champions, les perches de concours, les jeux de quilles et autres "crapauds".

Serge FALÉZAN explique avec passion l’histoire de la lutte bretonne et la création d’un règlement, suite à un accident mortel.

Il connaît bien la question : son gabarit ne laisse aucun doute sur le fait qu’il a dû et qu’il doit encore pratiquer ce sport...

Tournoi de lutte bretonne

Pour ce qui concerne les jeux bretons, ils sont, en fait, une adaptation des gestes quotidiens pratiqués par certains :

  • les maçons échafaudent et utilisent de longues perches pour consolider leurs installations ; le soulever de la perche (perchenn) vient d’être inventé... ; une seconde version évoque la coupe du bois par les bûcherons ;
  • les charrons et les forgerons associent leur savoir-faire à la détente, en mettant à bout de bras un essieu de charrette (an ahel karr) dont le poids peut aller de 50 à 70 kilos, voire plus (le nombre de mouvements exécutés en un temps déterminé départageant les concurrents) ;
  • aux veillées, le bâton à bouillie (baz yod) fait diversion ; une planche de bois sépare les amateurs dont le souci est d’arracher le fameux bâton des mains de son vis-à-vis ;
Serge Falézan
  • autre exercice similaire mais cependant plus dangereux, le bâton par le bout (ar vaz a benn) ; les candidats, en position allongée, sont, cette fois, portés par quelques bonshommes qui les aident à fournir leur effort (ar vaz a benn, aussi appelé an touseg - crapaud) ; Serge FALÉZAN nous raconte qu’une fois, un des joueurs, ayant saisi le crapaud dans ses mains, gagna le concours sans le lâcher ; en fait, juste avant le concours, il collait des pièces de bois et n’avait pas eu le temps de se laver les mains ; il avait donc fait corps avec le crapaud, tiré par ses collègues ; Serge FALÉZAN conclue l’anecdote en indiquant que le gagnant avait grandi, ce jour-là, de 5 centimètres... ;
  • dans les carrières, les tailleurs de pierre ont recours à la civière (ar c’hravez) pour déplacer les volumineux blocs de granit ; ailleurs, les paysans appliquent la même méthode, dès lors que la charrette s’avère inutilisable sur les prairies gorgées d’eau ;
  • au moulin, même scénario : le soulever du sac (samman ar sac’h) provoque l’attroupement ; la moisson, les battages amènent, également, les porteurs de sacs à solliciter leurs muscles ;
Jeux bretons
  • sur la même aire à battre, le lancer de la pierre (ar maen pouez) peut, le cas échéant, faire diversion ; une pierre dont le poids frisait les vingt kilos, voire davantage ;
  • un geste devenu quasi mythique, tant il a pu étonner et séduire ; le tire à la corde (an tortiss ou check gordenn) s’inscrit dans la liste non exhaustive ; une pratique séculaire qui n’a toutefois rien perdu de son agrément.

Les affiches des fêtes locales témoignent des activités qui attirent les foules : concours de gouren, jeux bretons ; on y trouve, même, des "courses de vieillards" !

La FALSAB (Fédération des Amis de la Lutte et des Sports Athlétiques Bretons) sera créée en 1930 par le docteur Cotonnec ; elle imposera une réglementation pour chacune des activités et un règlement qui sera appliqué lors des championnats.

Voir aussi l’Association de Jeux Sportifs Traditionnels Trégorrois

La presse locale s’est même fait l’écho de notre passage en Argoat, et plus spécialement au conservatoire de la lutte bretonne :

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L’écho de l’Armor et de l’Argoat


DEJEUNER AU RELAIS DE L’ARGOAT

Le relais de l'Argoat

La matinée se clôturera par un excellent repas pris dans une des meilleures tables du secteur.

Au menu :

  • en apéritif, le punch Lady Mond,
  • fondant de saucisse du pays au chou et coulis de tomates,
  • confit de canard au miel et citron,
  • fermier breton - salade de saison,
  • poire pochée caramel,
  • vins, café.

La suite de la journée aidera la digestion des convives...


PROMENADE SUR LE SITE DES ANCIENNES PAPETERIES VALLÉE

Historique des papeteries Vallée (extrait de "Moulins à papier de Bretagne") :

Les origines de la papeterie VALLÉE de Locmaria en Belle-Isle remonte en réalité au XVIIe siècle, lors de la création des premiers moulins à papier dans la vallée du Queffleuth au sud de Morlaix.
C’est la famille ANDRIEUX qui achète la plupart de ces moulins vers 1813.
Après le décès de François ANDRIEUX en 1832, ses fils s’associent à Jean-François VALLÉE, collaborateur de leur père, pour fonder la société "Papeteries de Morlaix - Andrieux - Vallée Père et fils et Cie" qui ne durera que 22 ans à cause d’une mésentente entre les associés.
C’est en 1855 que Jean-François VALLÉE s’en va avec ses fils Yves Théodore et Victor Adolphe créer de toutes pièces l’usine à papier de Locmaria en Belle-Isle.
Le personnel - maître et ouvriers - vient en grande partie du moulin de Glaslan travailler pour la "Société Vallée, ses fils et Cie".
Le site est intéressant car l’énergie est fournie par les chutes de plusieurs moulins à céréales avec une turbine de 60 chevaux.
Dès 1860, les dix ouvriers produisent 100 tonnes de papier, grâce à une machine en continu et à 14 cylindres (piles hollandaises).
La matière première est constituée alors uniquement de chiffons ramassés par les chiffonniers et étoupiers de la région.

Les papeteries Vallée

Vers 1865, une usine annexe est construite pour produire de la pâte de chiffons et vers 1870 une deuxième machine à papier de 1,20 m de largeur de feuille est mise en route.
En 1868, Jean-François VALLÉE décède et la société se transforme en "Société Vallée frères et Cie" pour devenir en 1907 la société "Vallée et Cie".
Pendant la Première Guerre Mondiale on y produit du coton-poudre à partir de chiffons pour la fabrication d’explosifs.
En 1918, il n’y a toujours pas de réseau de distribution d’énergie en Bretagne, aussi les propriétaires doivent-ils construire un barrage à Kernansquillec, à 3 km en aval de l’usine qui produit une force de 475 chevaux dès 1922 et de 1 000 chevaux en 1932.

À la veille de la crise économique qui va durer de 1929 à 1937, l’usine emploie 180 personnes dont beaucoup sont les descendants des familles papetières venues de la vallée du Queffleuth au siècle précédent.
À partir de 1935, l’usine effectue le blanchiment des cotons américains de deuxième choix pour la fabrication de la nitro-cellulose ou coton-poudre et compte 250 ouvriers à la veille de la Seconde Guerre Mondiale pendant laquelle l’activité s’arrêtera.
La reprise a lieu en 1945 et dès 1947 la production annuelle est de 2.000 tonnes de papier.
Les résultats sont bons jusqu’en 1953 mais c’est le début de la libéralisation des échanges à l’intérieur du Marché Commun qui va être fatale à la société dix années plus tard, malgré de gros investissements de 1949 à 1957.
La production qui est de 4.000 tonnes en 1956 atteint 4.500 tonnes en 1958 mais, bien que la consommation de papier d’écriture et de papiers spéciaux augmente, elle diminue pour les papiers d’emballage qui sont nettement concurrencés par le plastique.
Aussi, malgré les investissements du groupe belge UNIPA (Balatum) en 1960, la "Société Anonyme des Papeteries Vallée" est dissoute le 30 juin 1964.

C’est une véritable crise sociale et économique pour le bassin.
À l’époque, cette fermeture est vécue comme un traumatisme par les anciens ouvriers de la papeterie et par les habitants du pays de Belle-Isle.
Le deuil est difficile à réaliser...

Dynamitage de la cheminée

La friche industrielle reste en l’état pendant de nombreuses années jusqu’à la décision d’associer la culture à la réhabilitation des anciennes papeteries, d’en faire un lieu de promenade et de permettre aux anciens de faire le deuil de cette usine.

En 1996, les communautés de communes de Belle-Isle-en-Terre et de Beg Ar c’hra décident de lancer le projet de réhabilitation des anciennes papeteries Vallée.

Le chantier débute en 1997 par le démantèlement du barrage de Kernansquillec.

Dépollués, désamiantés, vidangés, les vestiges industriels vont faire corps avec le milieu naturel pour offrir un lieu unique, hybride de verdure et de béton ; un "jardin industriel" qui abritera notamment un espace expérimental de reconquête végétale avec différents matériaux issus du chantier.

Au centre du site, une passerelle reliera les deux rives.

Ce lieu dédié à la culture, à l’art et au tourisme vert ouvre en 2007.

Gildas Chasseboeuf

Pour accompagner le projet, de nombreuses activités culturelles autour de la mémoire du site sont réalisées dès le début et durant le temps des travaux :

  • l’illustrateur Gildas Chasseboeuf expose ses aquarelles sur la palissade du chantier de réhabilitation ; il y illustre les avancées du chantier mais aussi le passé des papeteries. Il évoque, notamment, l’importante main-d’œuvre féminine employée par les papeteries : en 1882, sur 146 ouvriers, on dénombrait 78 femmes et 18 enfants et apprentis de sexe féminin ; les femmes travaillaient en amont et en aval de la fabrication ; en amont, elles triaient la « chiffe », textile de coton et de lin destiné à être transformé en pâte à papier ; elles triaient les chiffons et les débarrassaient de leurs agrafes, boutons... ; en aval, elles mettaient les feuilles en rames et confectionnaient les cahiers d’écoliers ;
Isabelle Vincent
  • la photographe Isabelle Vaillant intervient en recréant des images à partir de photographies récoltées lors de ses précédents travaux aux papeteries ou d’anciennes photographies recherchées aux archives départementales et auprès de la population locale ;
  • parallèlement, Belle-Isle va réaliser un travail de mémoire ; la compagnie théâtrale de La Litote, en résidence dans le pays pour plusieurs semaines, travaille afin de faire le lien entre la réhabilitation du site et les habitants du territoire ; les huit artistes rencontrent des anciens ouvriers de manière à dresser une mémoire humaine du site ; quatre plasticiens de la Litote aidés, par des jeunes de la commune motivés par ce projet artistique, construisent, au centre de Belle-Isle, dans la halle près de l’église, des éléments plastiques nourris des échanges avec les anciens ;
  • des petits événements chorégraphiques, musicaux et théâtraux ponctuent ces journées avec notamment les déambulations des cycloacteurs qui accompagnent le public vers le site de la papeterie.

Le groupe, guidé par Yves LE PHILIPPE qui a travaillé une dizaine d’années aux papeteries et a vécu sa fermeture, se rendra sur place à pied par le petit sentier qu’empruntaient les ouvriers de l’usine.

Pour être franc, le site des anciennes papeteries ne se trouve pas sur la commune de Belle-Isle-en-Terre mais sur celle de Plounévez-Moëdec, la limite étant la rivière du Léguer ; en revanche, la majorité des ouvriers habitaient Belle-Isle, un très grand nombre étant, d’ailleurs, logés dans des maisons fournies par les Vallée, patrons de cette usine.

La promenade débute au "Tourniquet" : lorsque les papeteries Vallée étaient en activité, les employés pouvaient emprunter ce raccourci qui traversait les terrains du Prat Eles pour rejoindre la route des papeteries. De chaque côté, un tourniquet indiquait qu’il s’agissait d’un passage privatif réservé aux salariés de l’entreprise.

Le groupe passe à côté d’une petite bâtisse entièrement taguée que l’on appelle, ici, la « cabane des punks ».

En empruntant la passerelle sur le Léguer, nous rejoignons la route goudronnée et quittons Belle-Isle-en-Terre pour entrer dans Plounévez-Moëdec.

monument Vallée

Le groupe passe devant les demeures des membres de la famille Vallée, situées à proximité de l’usine ; juste en face, un monument rappelle que cette famille a payé un lourd tribut lors de la dernière guerre : deux fils d’Ollivier Vallée, directeur des papeteries, le capitaine François VALLÉE et le lieutenant Robert VALLÉE sont "morts pour la France", le 1er en déportation à 32 ans, le deuxième à 35 ans.

Rappelons, également, l’héroïsme de l’abbé Armand VALLÉE, neveu du même Ollivier, décédé en 1945 à Mauthausen, à l’âge de 35 ans.

Un autre "Vallée" eut une certaine notoriété, il s’agit de François VALLÉE dit ABHERVÉ (1860- 1949) qui fut druide et un des "pères du breton" (voir le cliché représentant la réunion de bardes sur le Méné Bré, ci-dessus)...

l'entrée du site

À l’entrée du site, l’antique tilleul a été conservé, c’était à l’époque de l’activité de l’usine (1856-1865), le lieu de rendez-vous des ouvriers des papeteries Vallée.

Les roues des piles hollandaises

Sur la droite de l’entrée, on dirait des colonnes de temples grecs abattues, ce sont les imposantes roues des piles hollandaises qui servaient à broyer et déchiqueter les chiffons pour la fabrication du papier.

nature et friche

Un peu plus loin, six parcelles ont été recouvertes de gravats issus du chantier : briques, béton, granit, ardoise ; il s’agit d’observer comment la nature reprend ses droits sur une friche ; tous les trois ans, les parcelles seront refaites pour un nouveau "cycle de reconquête sous le jardin"

L’eau était la raison d’être des papeteries.

Elle entrait dans le process de fabrication du papier et fournissait son énergie motrice.

On peut d’ailleurs considérer que cette opération de réhabilitation a commencé en 1996 par « l’effacement » du barrage hydroélectrique de Kernansquillec en Plounévez-Moëdec.

Un ouvrage d’art qui avait été conçu pour fournir l’électricité aux papeteries et au bourg de Belle-Isle-en-Terre.

L’ancien barrage de Kernansquillec était intimement lié aux papeteries Vallées.

Il avait été construit pour alimenter en eau les papeteries Vallée.
Pendant 70 ans, les eaux ont recouvert la vallée.

À partir des années 1990, le barrage commença à donner des signes de fatigue et devint un sujet de préoccupation grave, des fissures apparurent.

Après les grandes crues de 1995, il fut décidé de démanteler le barrage de Kernansquillec, au nom de la sécurité publique.

C’était une première en France.

Kernansquillec réhabilité

Six ans plus tard, le nouveau site apparaissait.

La nature a repris ses droits, la rivière s’est calmée, la faune et la flore se sont épanouies, le saumon peut de nouveau frayer plus en amont et même une grande dame a fait son retour : la loutre.

Aujourd’hui, le site abrite un sentier de découverte relatant l’histoire des lieux, grâce au sentier d’interprétation, un procédé bien particulier : le site de Kernansquillec a été aménagé de manière à relater l’histoire industrielle de la vallée.

Munis du livret inhérent au sentier, les promeneurs peuvent découvrir, tout au long des 14 stations du sentier, l’évolution des lieux sur un siècle et demi grâce à Soaz, personnage fictif en rapport direct avec l’histoire du site.

Dorénavant le site de Kernansquillec invite à la promenade, à la pêche, au repos, mais aussi et surtout au respect.

Le dernier directeur, Louis VALLÉE, qui avait à cœur de préserver ce patrimoine, a eu l’heureuse idée de déposer le fonds de son usine aux Archives départementales, il y a quelques années. Avec ce fonds, les Archives ont également récupéré des plaques photographiques des papeteries bellisloises datant du début du siècle dernier.

Notre guide, M. PHILIPPE

Le groupe découvre l’ensemble du site guidé par Yves LE PHILIPPE et ses anecdotes ; ce n’est pas le guide habituel qu’il a remplacé au pied levé ; mais on ressent dans ses explications une grande émotion due aux souvenirs qui resurgissent.
Les dernières explications sont données à l’emplacement de l’ancienne usine électrique, en contre-bas de Locmaria.

Pour information, le dernier directeur, Louis VALLÉE, qui avait à cœur de préserver ce patrimoine, a eu l’heureuse idée de déposer le fonds de son usine aux Archives départementales, il y a quelques années. Avec ce fonds, les archives ont également récupéré des plaques photographiques des papeteries bellisloises datant du début du siècle.

L’ouvrage "Les Papeteries Vallee (1856-1965)"retrace la saga des papeteries Vallée.

Nous retrouvons l’autocar venu à notre rencontre.

En regagnant Belle-Isle, nous passons auprès de la fontaine de Pendréo dont l’eau aurait le pouvoir de guérir toux et coqueluche.
Le car prend la direction de Loc-Envel.


LOC-ENVEL

Le lavoir de Loc-Envel

Cette commune est la moins peuplée des Côtes-d’Armor, mais n’est-ce point la plus belle ?

Michel LE CHAPELIER rappelle que dès 1163, l’église est possession de l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer situé pourtant à près de 120 km...

L’autocar se gare sur un parking situé à côté d’un lavoir.

L'église de Loc-Envel

L’église du XVIe siècle surplombe le village ; elle est de style gothique flamboyant et son clocher-mur flanqué d’une tourelle ne laisse pas de doute : elle est l’œuvre de l’atelier Beaumanoir qui a conçu de nombreuses églises et chapelles trégoroises.

Le groupe emprunte le chemin escarpé qui y conduit et commence par visiter le cimetière qui l’entoure.

Sépulture FAUCIGNY-LUCINGE

Tout au fond, on peut y découvrir les sépultures princières des familles alliées de FAUCIGNY-LUCINGE et de SESMAISONS ; y sont inhumés :

  • Madame la Comtesse de Sesmaisons,
  • Monsieur le Comte de Sesmaisons,
  • Mademoiselle Rogalienne de S
  • frère et soeur de Ferdinand-Gaspard-Marie,
  • le Prince de Faucigny-Lucinge et Coligny,
  • Monsieur Ferdinand-Victoire-Amédée, Prince de Faucigny-Lucinge
  • Monsieur Guy-Charles-Marie-François, Prince de Faucigny-Lucinge
  • Monsieur Henri-Rogatien-Marie-Rodolphe,Prince de Faucigny-Lucinge
  • Monsieur Rodolphe-Marie-Rogatien-François, Prince de Faucigny-Lucinge, Prince de Cystria,
  • Madame Françoise-Marie-Raphaële de Sesmaisons, Princesse de Faucigny-Lucinge,
  • Monsieur Charles-Marie, Prince de Faucigny-Lucinge.

L’intérieur de l’église recèle de véritables trésors.

Tout d’abord, un jubé de bois datant du XVIe et magnifiquement ciselé.

Le jubé de Loc-Envel Le jubé de Loc-Envel

l’autel est surmonté d’un retable en bois du XVIIe dont les sept panneaux relatent la passion du Christ.

Plusieurs sculptures en bois polychromes décorent l’église dont un pendentif, des statues de personnages grotesques et des engoulants (extrémités de poutres) monstrueux.

Loc-Envel - Pendentif Loc-Envel - polychrome
Loc-Envel - polychrome Loc-Envel - polychrome

Un christ crucifié particulièrement expressif et un lutrin représentant un aigle.

Le Christ de Loc-Envel Le lutrin de Loc-Envel
Vol du lutrin

C’est miraculeux de pouvoir admirer ce dernier puisqu’il avait été dérobé de nuit, fin octobre 2006.

Heureusement, ce genre d’objet est inventorié par les directions régionales des Affaires Culturelles et l’écouler devient très difficile.

Il n’est donc pas étonnant de l’avoir retrouvé moins d’un mois plus tard chez un antiquaire morbihanais...

Le groupe regagne l’autocar qui revient à Belle-Isle-en-Terre où un pot convivial sera offert.

Elle est belle, la Bretagne quand elle pleut !

Il commence à se faire tard et il faut rejoindre Saint-Brieuc.

Nous passons devant la Biscuiterie des Isles où le Président aurait bien fait une courte halte afin de s’approvisionner de la délicieuse farine de froment artisanale ; mais, il est trop tard et l’établissement est déjà fermé.

Ce sera pour une prochaine fois, d’autant qu’il est rare que, lors d’un retour au pays, il ne fasse pas une petite escapade jusqu’à Loc-Envel, même s’il ne fait pas beau...


Loc-Envel

Sources :

Cet article est documenté grâce à des articles parus dans la presse (Écho de l’Armor et de l’Argoat, en particulier)

Certaines illustrations proviennent du fonds iconographique du site des Archives départementales des Côtes-d’Armor.

Par ailleurs, certaines photos n’ont pas été prises le jour de la sortie.

Le site de TV-Trégor propose plusieurs vidéos très intéressantes réalisées lors de la réhabilitation des papeteries Vallée et du barrage de Kernansquillec ; vous pourrez les visualiser ici
Vous pourrez aussi regarder un reportage sur le Tournoi interceltique de lutte à Plougras avec une intervention de Serge Falézan ici.

Jean-claude LE BLOAS

Belle-Isle-en-Terre || Locmaria || sabotier || musée du gouren || déjeuner || papeteries Vallée || Loc-Envel

Voir en ligne : Association Vallée du Léguer


Portfolio

Altitude du Méné Bré Altitude de Lan Buen en Gurunhuel Locmaria Locmaria Le jubé de Locmaria Le mausolée de Lady Mond devant le mausolée de Lady Mond devant les sépultures Vallée Le CG22 à Locmaria Locmaria Belle-Isle-en-Terre Le château de Coat-an-Noz Machine de sabotier Machine de sabotier Machine de sabotier Machine de sabotier Ebauche du morceau de hêtre Usinage du sabot Fabrication artisanale du sabot Jean LE GOAS et Marie-Françoise LE BRIS sont attentifs... La hutte du sabotier reconstituée Les sabotiers d'antan Ah..., si seulement l'équipe de France jouait en sabot, comme En Avant (...) Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat Le relais de l'Argoat vue de l'entrée du site vue de l'entrée du site Les roues des piles hollandaises roue d'une pile hollandaise vue des gradins herbagés vue des gradins herbagés vue des gradins herbagés ce qui reste des ateliers l'usine la friche industrielle la friche industrielle la passerelle entre Plounévez-Moëdec et Belle-Isle le groupe sculpture sculpture sur les hauteurs, l'église de Locmaria L'église de Loc-Envel Loc-Envel Loc-Envel Loc-Envel Loc-Envel Le chevet de l'église de Loc-Envel Le retable de l'église de Loc-Envel L'église de Loc-Envel Jean LE GOAS et Jean-Claude LE BLOAS



Les articles de cette rubrique

     

    2014

    juin

  • 2014 - Guingamp et Bulat-Pestivien en Pays d’Argoat

      La sortie annuelle a eu lieu le samedi 31 mai. En peu de temps, quarante-six adhérents dont une québécoise, s’étaient inscrits pour ce périple en Argoat.

  •  

    2013

    juin

  • 2013 - Patrimoine sur les bords de Rance

      Samedi 8 juin 2013, une quarantaine d’adhérents avaient choisi de participer à cette promenade.

  •  

    2012

    août

  • 2012 : une journée au pays de la toile

      Quarante-six personnes, dont certaines venues de loin, se trouvaient au rendez-vous de ce matin du 2 juin 2012. Le thème choisi avait pour but de faire connaître une période parfois oubliée et cependant très active de l’histoire de notre région (...)

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    2011

    juillet

  • 2011 - Périple en Centre-Bretagne

      Périple en Centre-Bretagne Samedi 11 juin 2011, une quarantaine d’adhérents ont participé à la sortie annuelle du CG22. Trois passionnés nous ont accompagnés au cours de cette journée. En début de matinée, Jean Le Tallec un passionné de « vieilles (...)

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    2010

    juillet

  • 2010 - Aux sources du Trieux et du Blavet

      Cette année, c’est une partie de l’Argoat que la cinquantaine de participants découvre ce 6 juin.

  •  

    2009

    décembre

  • 2009 : Randonnée en Penthièvre

      Le samedi 13 juin, une cinquantaine d’adhérents avaient choisi de participer à cette journée découverte et détente dans la région de Pléneuf.

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    2008

    juin

  • 2008 - Promenade en Argoat, sur les traces de Lady MOND

      La sortie 2008 du Centre Généalogique des Côtes-d’Armor a conduit les participants vers la région de Belle-Isle-en-Terre.

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    mai

  • 2005 : Promenade en Goëlo, de Plouha à Paimpol

      Cécile LE JEAN, initiatrice de cette promenade, ne peut, malheureusement, nous accompagner en raison d’une malencontreuse chute qui la retient immobilisée.

  •  

  • 2007 : « Gabariers, explorateurs et corsaires »

      Le 2 juin 2007, nombreux sont les participants à cette sortie sur les bords de Rance et dans le pays du Clos-Poulet.