C’est
le 14 juillet 1944 que René Magdelaine, Henri
Laguitton de Broons, Roger
Dupuys, &
quelques autres créèrent le maquis de Bougueneuf. Parmi les
jeunes recrutés, Charles Coquio qui auparavant appartenait au
maquis de Boquen, situé dans la localité dont il était
originaire.
Mais un jour le maire du Gouray Monsieur Colleu
averti le réseau qu’un coup de filet des Allemands se préparait.
A peine un mois après sa création,
le maquis de Boquen fut dissout mais l’essentiel fut
de sauver les informations et les hommes.
Une partie des
maquisards furent transférés
au réseau de la Hardouinaye. Charles, homme discret n’y
resta que peu de temps, et rejoignit le maquis de Bougueneuf dès
sa création. L’une des premières opérations auxquelles il
fut soumis fut le transfert des armes du maquis de Boquen
à celui de Bougueneuf. Aidé dans sa tâche par Jean
Pilorget d’Eréac qui avait prêté pour la circonstance son
cheval et la
voiture, mais ne connaissant pas le bois, et de nuit, le
chargement s’embourba.
Au petit matin les autres maquisards
hébergés à l’endroit vinrent leur prêter main forte pour
dégager le précieuse cargaison. Le poste de commandement était
établi près du plus haut arbre du bois de Boquen
de telle manière à faire fonctionner le poste à galène
afin de capter
les informations des autres réseaux, d’autres campements de
fortune étaient dispersés dans le reste du bois.
Nous avons
ensuite creusé des tranchées au cas ou une attaque allemande
se produirait. Nos ordres
étaient donnés par Joly
dit Corsaire, Lebranchu de Dinan et le commandant Jean de
Jugon. A Bougueneuf
on procédait au maniement des armes, il ne faut pas
oublier que certain n’avaient jamais tenus un fusil de leur
vie, d’autres portaient des plis aux autres réseaux et se
chargeaient du ravitaillement en armes quand il y avait
parachutage. Bien qu’une équipe de sabotage ait été préparée
à Bougueneuf, jamais elle n’a eut ordre d’intervenir.
Au
cours de notre entretien, Charles me raconte comment un jour la
foudre tomba sur le poste à galène, après qu’un orage éclata,
mais souligne-t-il, il y eut plus de peur que de mal.
Le
maquis de Bougueneuf était aussi
composé de Russes, toutefois, leur campement s’était
autre chose que le notre, et Charles se remémore comment
leur chef se suicida, il s’appelait
capitaine Michel, hors étant très superstitieux, les
Russes demandèrent à Charles et à ses collègues d’aller
quérir un mouton afin de le sacrifier, sans quoi le malheur
s’abattrait sur le plus jeune des Russes un certain Abel.
Charles et l’un de ses camarades se rendent vers 20 heures
au bourg de Rouillac chez le buraliste Marcel Berhault, autre
résistant, il lui explique la situation,
mais en ce temps là il était difficile de trouver un
mouton.
Ne perdant pas courage nos deux compères prennent le
chemin de la Béchardière où ils rencontrent Pierre de
Launay à qui ils racontent leur histoire. Ce dernier leur
offre le mouton tant attendu, et aussitôt parvenus à
Bougueneuf, ils sacrifient l’animal à l’endroit même où
le malheureux capitaine russe s’était tiré une balle dans
la tête.
Les Russes soulagés firent ensuite cuire l’animal
dans la braise après quoi, ils invitèrent
tout le monde à partager le festin improvisé.
Un type de
poste à galène
Quelques
jours avant la libération, chacun fut dispersé, quelques uns
à St-Cado, d’autres à Mégrit.
C’est là
qu’un des membres du réseau de Bougueneuf :
Yves Guinamant, reçut
une balle, une
sentinelle allemande avait pris place dans le clocher de l’église.
L’un des derniers actes que Charles accompli fut de porter
un message à l’un des supérieurs en poste à Plénée, il
enfourche son vélo, fait halte chez Louis Lucas qui tenait un
café au sommet de la côte de Train et fait part à ce
dernier de sa mission, son interlocuteur le dissuade de s’y
rendre
–« Tu vas au bourg de Plénée ! oh !
Il y a eut une bagarre avec
les Allemands, il y a des morts, ils sont fous ! ».
Loin d’être décontenancé par une telle mise en garde,
Charles continua son périple mais à peine avait-il entamé
la descente de la côte de Train, il croisa une patrouille
allemande à vélo, composée d’une cinquantaine
d’individus.
Sans
perdre son sang froid il poursuivit sa route, décidé que
s’il se faisait arrêter,
il avalerait le papier compromettant.
La patrouille
ennemie en déroute ne l’inquiéta pas et il put faire
parvenir à bon port le précieux document, à la fin de la
guerre, Charles fut mobilisé à Lorient.
Autre fait ayant pour
cadre ce même bois de Bougueneuf durant l’occupation :
des habitants du village
de la Ramerais vinrent
éteindre un feu qui s’y était déclaré, lorsque
des allemands
arrivèrent et
les interpellèrent.
" Qui vous a donner ordre d’éteindre le
feu" demandèrent-ils.
" C’est monsieur le maire" répondit
l’un d’eux.
" Vous avez des papiers prouvant vos
dires"
. A
leur réponse négative, ils furent priés de décamper dans
les plus brefs délais ;
Il faut dire que l’endroit était
particulièrement surveillé, le maquis de Bougueneuf s’y
cachant.
Certains jeunes
avaient en vain essayé de rejoindre le réseau
clandestin, l’un du village de la Haie Neuve avait gravé
sur un tronc VIVE LA RESISTANCE
avec en prime son identité F.L.
C’est le 3 août
1944 que les troupes américaines libérèrent les bourgs
alentours.
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