Retour


Le viaduc des Ponts-Neufs ne sautera pas
Article paru dans Ouest-France du 19 juin 2001


Le dernier petit tortillard l'a franchi en 1948. Depuis cette date, le viaduc des Ponts-Neufs, qui enjambe le Gouessant entre Hillion et Morieux (Côtes-d'Armor), est à l'abandon. Une association se mobilise pour le sauver des affres du temps.


« De la vraie dentelle de béton ! » Pierre Goréguès chemine prudemment sur le viaduc des Ponts-Neufs qui surplombe d'une trentaine de mètres la vallée du Gouessant, entre Hillion et Morieux. L'absence de rambardes à certains endroits et un trou béant dans le tablier rendent la visite impressionnante. Ce superbe ouvrage en briques et en béton, long de 227 mètres, a été construit dans les années 20 par l'ingénieur briochin Harel de La Noë, surnommé le Gustave Eiffel des ponts de chemin de fer. Lieu de passage du petit tortillard des Côtes-du-Nord qui reliait Yffiniac à Hillion, le viaduc, à la silhouette si fine et si fragile, est à l'abandon depuis 1948.

Pour accéder à ce chef-d'oeuvre en péril, il faut contourner un mur en parpaings qui en interdit l'accès aux curieux. Et se faire lécher les mollets par des orties voraces. Qu'importe, le jeu en vaut la chandelle : du haut, la vue est imprenable sur la vallée, les étangs et la cascade des Ponts-Neufs...

D'où l'idée qui a germé dans l'esprit de Pierre Goréguès et de quelques amis réunis au sein de l'association des Amis d'Harel de La Noë. « Ce viaduc fait partie du patrimoine du département. La structure de l'ouvrage n'a pas souffert. Alors, pourquoi ne pas le restaurer et le rouvrir aux randonneurs ? D'autant que le GR 34 n'est pas loin... »

Ce cri d'alarme d'une poignée de passionnés semble avoir été entendu. Le viaduc des Ponts-Neufs ne sera pas exécuté à la dynamite. Vendredi soir, lors de l'assemblée générale de l'association, les adhérents ont eu la bonne surprise d'accueillir Félix Leyzour, vice-président du conseil général des Côtes-d'Armor, propriétaire de l'ouvrage. Qui leur a promis une aide financière. A condition toutefois que les autres collectivités locales mettent aussi la main à la poche. Pas de problème en perspective. « A l'heure de l'intercommunalité, conclut Pierre Goréguès, les élus ne peuvent pas laisser à l'abandon ce trait d'union symbolique entre le pays de Saint-Brieuc et celui de Lamballe. »

Joël BIGORGNE.



Vos remarques
       Webmaster