Retour


Un catalogue de la noblesse bretonne
Un ouvrage de 1 850 pages pour dresser la généalogie
de plus de 2 000 familles

Article paru dans Ouest-France du 19 juin 2001


Tout le monde sort de la cuisse de Jupiter. Le tout, c'est de remonter le fil. Avec leurs trois gros pavés, le ''Catalogue généalogique de la noblesse bretonne d'après la réformation de la noblesse de 1668-1672'', Jérôme Floury et Éric Lorant donnent un coup de pouce aux gens en quête de leurs racines.


Quand j'avais quinze ans, j'ai découvert la boîte à photos de ma grand-mère, à Quemper-Quézennec, près de Paimpol. Intrigué, j'ai voulu savoir et comprendre qui était qui. Je ne m'en suis jamais défait. J'ai entrepris d'établir la généalogie de ma famille et je me suis inscrit, en 1994, au Centre de généalogie des Côtes-d'Armor.

La généalogie permet de voyager, de rencontrer des gens. Et puis elle ouvre des tas de portes sur l'Histoire, la géographie, l'héraldique (l'étude des blasons), la toponymie (noms de lieux), l'onomastique (noms propres), la paléographie (écriture ancienne)... J'ai appris beaucoup de choses.

Vous n'êtes ni breton, ni noble...

Un peu breton par ma mère. Je suis un quart breton, un quart pyrénéen, un quart de l'Oise et un quart du Nord. On ne retrouve pas mon nom dans ce catalogue. Je cherchais à publier quelque chose d'original. Éric Lorant, un ami rédacteur des Cahiers généalogiques costarmoricains, m'a proposé de m'intéresser à la réformation de la noblesse de Bretagne de 1668-1672, car si beaucoup de choses ont été publiées en Bretagne, ça, ça n'a jamais été fait.

La réformation ?

En contrepartie de l'obligation du service militaire, les nobles bénéficiaient autrefois d'une exemption fiscale. Des roturiers ont alors tenté de s'agréger à la noblesse. Pour débusquer les usurpateurs, les ducs de Bretagne, puis les rois de France, organisèrent des enquêtes : les réformations. Ceux qui prétendaient être nobles devaient le prouver. La plus importante réformation a été conduite de 1668 à 1672 par Colbert, avec beaucoup de rigueur et de sérieux. Pour les recherches généalogiques concernant les familles nobles bretonnes, du Moyen Âge au début du règne de Louis XIV, cette grande réformation constitue une base indispensable. Mais l'incendie de Rennes, le 5 août 1792, détruisit presque tous les arrêts de la chambre.

Comment avez-vous fait pour les retrouver ?

Heureusement, de très nombreuses copies des originaux ont été réalisées avant l'incendie de 1792, par les nobles eux-mêmes et par des érudits. Nous avons travaillé sur deux manuscrits très complets que nous avons recoupés : le premier de la bibliothèque municipale de Rennes et l'autre des archives départementales de Loire-Atlantique.

Un travail de bénédictin...

J'ai d'abord créé un logiciel pour cela. Nous avons ensuite travaillé huit mois à plein temps. D'abord pour tout saisir, ensuite pour tout relire et tout corriger.

Est-ce un ouvrage exhaustif ?

Non. D'abord parce que certaines familles très connues (Rohan, Rieux, Gouyon-Matignon) n'ont pas eu à comparaître devant la chambre de réformation. D'autres familles nobles, trop pauvres, ont renoncé à comparaître, car il fallait payer. Mais il rassemble quand même 2 000 familles (45 000 personnes, réparties sur 8 500 patronymes).

Les nobles et les roturiers étaient deux mondes bien distincts ?

Beaucoup de gens d'origine roturière ont des quartiers de noblesse. Quand on fait la généalogie d'une famille de simples paysans, il n'est pas rare de trouver ici ou là un noble.

Ça concerne quand même peu de Bretons ?

Détrompez-vous. Cette réformation date d'il y a environ treize générations. Ce qui représente pour chacun d'entre nous environ 8 000 ascendants. Et la réformation permet de remonter souvent deux siècles en arrière. Là, on en est à 1,5 million d'ascendants ! On trouve forcément une filiation.

Et maintenant ?

On va publier, l'année prochaine, les réformations précédentes du XVe et du XVIe siècles. J'ai aussi publié le premier tome du recensement de tous les notables de Bretagne, entrepris il y a un siècle par l'abbé Paul Paris-Jallobert, à partir des registres paroissiaux. Il y en aura sept tomes.

Recueilli par Bernard RICHARD.

''Le catalogue généalogique de la noblesse bretonne'', trois tomes, 1 850 pages, 990 F. CD-Rom : 490 F. Sajef, 109 rue de Paris, à Rennes.



Vos remarques
       Webmaster