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Anatole Le Braz
l’enfant des monts adopté par la mer
Article paru dans Le Télégramme du 06.02.2000


Après avoir enseigné le français et les lettres modernes, Joseph Jigourel est nommé en 1965 inspecteur de l’Éducation Nationale dans la région lannionnaise. Féru de littérature bretonne, il en devient rapidement un spécialiste et, à la demande du maire de Ploumilliau, il entreprend de se plonger dans les archives à la recherche de documents sur Anatole Le Braz.


Joseph Jigourel, conférencier, en compagnie de Roger Le Dunff, président de l’office culturel municipal et de Jean Boutouiller, président du centre culturel, a su faire partager à son auditoire son intérêt pour l’œuvre d’Anatole Le Braz.


Né en 1859 à Saint-Servais, Anatole Le Braz grandit à Ploumilliau. Son père, instituteur du village, en est aussi le secrétaire de mairie mais a joué le rôle de médecin et de fossoyeur pendant les grandes épidémies (plus de 1.000 morts à Lannion en 1867 causées par le choléra). Ce père à la forte personnalité est aussi collecteur de légendes et ami de Luzel qui aura une grande influence sur l’œuvre du grand écrivain et poète.

La mort omniprésente

A cette époque, les gens meurent jeunes, les orphelins sont nombreux et les veillées funèbres durent. La culture orale véhicule des histoires de revenants, l’imaginaire fait le reste, les visions nocturnes au sortir des veillées ne sont pas rares... Anatole Le Braz a connu tout cela et il en nourrit son œuvre : les noms des hameaux de Ploumilliau reviennent inlassablement. Sa vocation, il la doit en partie au poète Villiers de L’Isle- Adam, neveu du recteur de la paroisse, dont les vers lui procurent « un frisson d’infini dans une âme d’enfant ».

Brillant élève, il devient rapidement professeur de faculté à Quimper. Son chemin croise à nouveau celui de Luzel qui lui transmettra sa passion de la collecte des chants-contes-légendes et surtout sa méthode de travail qui rejette toute interprétation.

Plus tard, il aura comme élèves les poètes Jules Gros, de Trédrez et Gourvil, de Morlaix, avec qui il entretiendra une correspondance nourrie lors de ses nombreux voyages aux États-Unis où il plaide la cause de la France, à l’aube de la Première Guerre mondiale.

A l’âge de la retraite, il abandonne sa pension afin de créer trois Bourses en faveur d’enfants pauvres. Son œuvre principale « La légende de la mort », il l’a construite en allant de ferme en ferme, traduisant fidèlement le breton en français. Bien plus tard, ses carnets seront retrouvés à Alicante. Ils sont aujourd’hui conservés à la Faculté de Brest. Il reprend ses thèmes favoris dans des contes développés « Le forgeron de Plouzélambre », le « Sang de la sirène », « Tryphina Keranglaz ». La question de la mort et des vocations religieuses contrariées par des amours enfantines reviennent comme thèmes récurrents.

Son œuvre doit intéresser particulièrement les Trégorrois, sa source d’inspiration majeure étant locale, du grand rocher à Trédrez. Il appelait Ploumilliau « Mon bourg natal » et affirmait « Je suis un fils des monts, adopté par la mer ».

Doté d’une foi profonde, il s’est éteint en 1926 et repose à Tréguier dans le jardin du poète.



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