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"Ces Bretons sont vraiment stupéfiants"
Article paru dans Le Télégramme du 24.01.1998


Si ses talents de folkloriste ont été malmenés, ses plus virulents détracteurs reconnaissent toutefois (et justement) à Anatole Le Braz une plume aisée, capable des meilleurs descriptions des hommes et des paysages. Fin observateur, comme le montrent ces quelques lignes.


Pipi Simon vient nous conduire au Bois-Riou, il a sa figure ordinaire, sa gaieté de toujours. Il y a trois jours, son frère a perdu sa femme. Je lui demande comment va son frère. Il me répond : Fe ! evel se !.

En route, comme nous rentrons (...), nous rencontrons un homme à la figure rongée, à mine longue et triste, qui cause avec les lavandières de l'air calme d'un laboureur qui se rend d'un de ses champs à l'autre : il est en gilet à manches bleues, dans son costume de travail.

Pipi et lui échangent quelques mots, un bonjour banal au passage : N'ê ket poent câd coan ? Tostâd ra 'r c'houlz.

Je demande qui c'est. Pipi me répond : Mon beau-frère et il ajoute d'un ton placide : sa femme, la plus jeune de mes soeurs, a été enterrée aujourd'hui.

Ces Bretons ou plutôt ces paysans, car ils sont tous ainsi, sont vraiment stupéfiants." (4 septembre 1890)



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