50 lavoirs pour 1.000 habitants : en rénovant les symboles d’un début
du siècle prospère, Pontrieux, la « Venise des Côtes-d’Armor », vient
de recevoir l’un des quatre prix nationaux de la mise en valeur du
patrimoine. |
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C’est en 87, en achetant des terrains pour construire un parking au
centre-ville que le maire, Yves Le Mouër, a retrouvé le chemin de la
rivière et, partant, celui des lavoirs et d’un riche passé. Il faudra
toutefois attendre quelques années, et la persévérance de bénévoles
pour que les lavoirs retrouvent toute leur splendeur. C’est,
aujourd’hui, chose faite. Belle lingerie à l’abri des regards Ces lavoirs, si nombreux pour une petite ville, sont les témoins d’une époque prospère, à la fin du XIX e et au début du XX e siècle : Pontrieux était alors le seul point de passage entre le Trégor et le Goëlo, mais aussi le port de Guingamp. Port de commerce animé (bois, pâte à papier, sel, vin, peaux, chaux, grains), la ville attirait beaucoup de négociants, industriels, armateurs et notables, qui habitaient dans de hautes maisons à pans de bois et façades de granit, bordant les rues pavées. Ces demeures bourgeoises abritaient un personnel important : cochers, femmes de ménage, cuisinières, lingères et la lavandière, appelée « laveuse » qui avait la rude charge d’un linge important. Il existait bien cinq lavoirs publics, mais les épouses des riches propriétaires ne désiraient pas que leur belle lingerie soit lavée en public : d’où ces lavoirs privés protégés par des murs de pierre et une toiture en ardoise; certains possédant même un étage, qui servait de salon de thé, le dimanche après-midi. Fleuron du tourisme Le déclin commercial et industriel de la ville, puis l’arrivée de la machine à laver sonnaient le glas des lavoirs (mais supprimant aussi un travail pénible). Ils sombraient dans l’oubli, enfouis sous les ronces, au fond des jardins inaccessibles. La municipalité amorçait la pompe de la renaissance, confiant aux employés communaux et à des artisans la rénovation des premiers ouvrages. Puis l’association « des lavoirs », présidée par Michel Mercier prenait le relais, avec le renfort de deux couvreurs en retraite. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux lavoirs à restaurer. Mais l’association s’est également investie dans le fleurissement (le domaine de Jean Goron). Car les lavoirs sont devenus l’un des points forts du tourisme pontrivien. De juin à septembre, le prolixe Camille -qui connaît l’histoire de chaque lavoir- promène ainsi sur sa barque les visiteurs, menés au centre-ville par la calèche de Stéphanie, à l’arrivée de la Micheline. Promenade en lumière La création prochaine d’un circuit-lumière, mettant en valeur les ponts, la « tour Eiffel et le viaduc » devrait venir renforcer l’attractivité d’une promenade qui a ravi plus de 8.500 passagers, l’été dernier. 2000 sera également marqué par le dixième anniversaire de l’association, qui compte « mettre le paquet » pour fêter dignement l’événement; notamment en invitant tous les « pionniers » de la rénovation des lavoirs. Il manquera malheureusement Roger Le Minter. L’adjoint qui avait ce dossier en charge au conseil municipal est décédé, deux jours avant d’aller à Paris retirer le fameux prix; celui de la passion. Hervé Queillé |