Mise à jour le : 30/03/04

Remonter

Par Didier DUDAL (Octobre 2001)    

Le forgeron est un personnage très important dans le village. Admiré pour sa force, sa haute stature, mais aussi pour son travail particulier. Il ferre les chevaux, les boeufs et se mêle aussi bien souvent de les soigner, et aussi certaines fièvres chez les enfants (croyances) . On l'appelle parfois le maréchal.

Il fabrique et répare toutes sortes d'outils ferrures diverses pour les ouvertures des maisons, faucilles, planes, etc. Il sait souder et tremper l'acier. Le métal ne se perd jamais et chaque morceau de fer est réutilisé plusieurs fois à des fins différentes.

Aussi loin que remonte l'usage du fer, l'artisan qui savait le travailler à sa guise, il jouissait d'un prestige inégalé au sein de la communauté villageoise.

La plupart des chansons de maréchaux dénoncent soit leur orgueil et leur vanité, résultat du savoir suprême qui permettait aux hommes l'usage des animaux de trait, soit leurs démêlés avec leur principal concurrent, autre maître du feu : le diable...

En BRETAGNE, celui-ci n'eut pas beaucoup de chance. Un jour, il arriva chez un Maréchal, avec lequel il lia conversation : Vos souliers, dit le forgeron, ne sont pas des meilleurs, si vous voulez, je vous ferrerai le talon et ils seront comme neufs.

Le diable y consentit. le forgeron fit des clous pointus comme des alènes et longs comme le bras, puis il dit :

- Maintenant, pour vous ferrer, il faut que je vous attache ; vous savez que jamais on ne ferre les chevaux sans les attacher.

Le diable se laissa faire et quand les fers furent rouges le forgeron en prit un, le plongea dans l'eau bénite et le mit sur le pied du diable qui poussait des cris , épouvantables ; mais le forgeron continuait . enfoncer les clous ; il ferra même le second pied en protestant qu'il n'avait jamais fait un ouvrage a moitié ; et il arrosait d'eau bénite en disant " Quand on a ferré un cheval, on arrose le fer ".

Il ne laissa le pauvre diable s'en aller qu'après l'avoir contraint, par un papier bien en règle, à renoncer à tous ses droits sur lui.

(D'après SEBILLOT, Légendes et curiosités des métiers).

Ecomusée de St Dégan en brech (à côté d'Auray 56)

Extrait de Les noms de Famille et leurs secrets JL BEAUCARNOT (1991)

Le maréchal-ferrant, dentiste et vétérinaire

« L'origine ,étymologique est claire. Le mot vient de l'anglo-français ancien marnskalk, qui désignait le domestique chargé de soigner les chevaux.

C'est là l'origine des « maréchaux des logis » dans la cavalerie. Parallèlement, au fur et à mesure que se met en place l'organisation administrative et militaire, on vit reprendre et élever au niveau national la plupart des charges et fonctions domestiques et privées. Le Connétable (c'est-à-dire le comte de l'étable), régisseur des chevaux, et le maréchal, leur soigneur, deviennent des dignités militaires.

La distinction « maréchal » et « forgeron » est moins simple. Si le mot maréchal-ferrant n'apparaît qu'au XVII° siècle, l'activité du forgeron était depuis longtemps constituée en partie par le ferrage des chevaux. Celui-ci, remédiant à l'usure rapide des sabots nus des animaux utilisés comme moyens de labour ou de déplacement, apparaît au cours du X° siècle pour être quasi généralisé au siècle suivant, époque du dégagement des noms. C'est donc le forgeron qui ferre les chevaux, les mules et les boeufs, en même temps qu'il fabrique les instruments aratoires.

On mesure davantage encore toute son importance en milieu rural. Chacun conserve ces images du forgeron dans sa forge, près du « travail », bâti en bois et en fer, où il sangle les animaux à ferrer pour les immobiliser. Il faut pourtant savoir qu'à ces fonctions, il sut ajouter celles de guérisseur et de vétérinaire, grâce à son monopole auprès des animaux domestiques. Il n'a guère ici pour seul concurrent que « l'affranchisseur de bétail », encore appelé « chatreux » ou « chatroux » selon les régions, qui a lui pour spécialité de castrer les jeunes chevaux et les bouillons que l'on destine au labour, comme aussi les jeunes porcs afin de leur faire prendre du poids.

Récemment, il existait encore dans nos campagnes sous le nom du « hongreur », mais son ancienne dénomination se retrouve dans quelques noms comme Chatrian et Chatriot.

Le prestige du maréchal-ferrant va cependant très loin puisque son marteau, comme celui du meunier, est réputé avoir le pouvoir de guérison. Le voici donc parfois dentiste alors que, d'autres fois, on le voit brandir symboliquement son marteau au-dessus d'un enfant couché sur son enclume pour le guérir du «carreau », maladie d'origine tuberculeuse alors très répandue.

On est loin du palefrenier subordonné au petit connétable qui est, à lui seul, à l'origine des noms évoqués ici. »

   Par Maurice OREAL (Octobre 2001)    

Extrait de "En Haute-Bretagne" de Henri-François Buffet

Les Forgerons. - Avec les forgerons nous quittons la forêt et nous gagnons la route. Au milieu de leur atelier leur foyer était élevé de plus d'un mètre au dessus du sol et formait une aire de deux mètres carrés où l'on activait le feu, tandis que les étincelles et la fumée s'engouffraient dans l'immense hotte. Sous le foyer était une cuve, ou bien, sur le côté droit était pratiqué le "trou de trempe" plein d'eau dans laquelle étaient plongées, rougies à blanc, les pièces de fer ou d'acier, avant d'être martelées sur l'enclume. Un énorme soufflet de cuir avec son contrepoids dont le nez aboutissait jusqu'au centre de la chaufferie, allait et venait, manoeuvré à l'aide d'une chaîne par un apprenti, ou parfois comme chez les cloutiers de Dol, de Vitré et d'Uzel, par un chien courant dans une roue.

Il fallait entendre le bruit sourd du lourd marteau qui piétinait sur l'enclume et, dans le pêle-mêle des pinces, des tenailles, des masses de tous poids, respirer l'odeur de la corne brûlée, car autrefois le forgeron était surtout maréchal et les fers à cheval neufs étaient en grand nombre , accrochés aux murs.

Pan, pan, pan ! le feu s'allume. Allons, mon marteau, pan, pan ! Frappons fort sur l'enclume Du maréchal ... de camp !

Le maréchal était aussi vétérinaire, arracheur de dents et souvent "guérissou" et "reboutou". A la Saint-Eloi, il fêtait son patron et les apprentis de Noyal-sous-Bazouges offraient un bouquet enrubanné au forgeron qui le clouait au dessus de sa porte et l'y laissait toute l'année. A Châteaugiron, un vénérable saint Nicolas de bois polychromé, baptisé saint Eloi, surveillaient les marteaux et les enclumes et détournaient les maléfices. Ceux-ci étaient nombreux et l'on s'en préservait de différentes manières : ainsi on avait soin à Saint-Cast, quand on portait une houe à réparer, de ne pas l'empoigner par le manche, de peur de devenir bossu. Les forgerons étaient loin d'être de petites gens, c'est d'une lignée de "tape-fer" de Saint-Méen qu'est issu le barde Théodore Botrel.

Il y avait, au temps de la marine à voiles, des forges importantes qui tiraient leur bois des forêts et travaillaient le minerai de fer apporté, à dos de cheval, des ferrières voisines exploitées à ciel ouvert. Parmi ces forges on peut citer celles de Lanouée (fondée en 1756), qui avait en 1765 fourni toute l'artillerie du vaisseau La Bretagne, celles de Trédion (1824), celles du Vaublanc en Plémet (dites de Loudéac créées en 1671), celles de la Hardouinaye en Saint-Launeuc (qui datent aussi de Louis XIV), celles du Paz en Lenfains (1828), celles de Paimpont qui, déjà au XVIIIè siècle, employaient quatre cents ouvriers et qui fermèrent définitivement en 1894, celles de Liffré (1804), de la Vallée en la Bouexière, de Martigné-Ferchaud, qui existaient déjà en 1698.

   Par Jean-Claude LE BLOAS (Octobre 2001)    

Dans le chapitre III de "La légende de la mort", Anatole Le Braz nous livre une histoire contée par Marie-Louise Daniel de Ploumilliau à propos d'un forgeron qui meure le matin de Noël pour avoir réparé la faux de l'Ankou au lieu d'assister à la messe de minuit. Brrrrrrrrrr !!!

Quel beau métier !

A ce propos, tout le monde connaît, bien entendu : "C'est en forgeant, qu'on devient forgeron, et c'est en sciant que Léonard de Vinci..."

Remonter

Webmaster  : Webmaster