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Le cheval d’orgueil

lundi 30 juin 2008, par JCLB
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« Trop pauvre que je suis pour posséder un autre animal, du moins le Cheval d’Orgueil aura-t-il toujours une stalle dans mon écurie. » Ainsi parlait à l’auteur, son petit-fils, l’humble paysan Alain Le Goff qui n’avait d’autre écurie que sa tête et d’autre terre que celle qu’il emportait malgré lui aux semelles de ses sabots de bois.


Le cheval d'orgueil « Quand on est pauvre, mon fils, il faut avoir de l’honneur. Les riches n’en ont pas besoin. » Deux ancêtres de la famille, dit la tradition orale, ont été pendus par le duc de Chaulnes après la Révolte des Bonnets Rouges. Ils avaient dû écraser quelques pieds de marquis parce qu’ils ne pouvaient vraiment pas faire autrement. Au Pays Bigouden, on ne redoute rien tant que la honte qu’on appelle ar vez. Et l’honneur consiste à tenir et à faire respecter son rang, si humble soit-il. Tout le reste est supportable.

L’auteur a été élevé dans ce sentiment. Avant d’apprendre le français et d’entrer dans la civilisation seconde qui est la sienne aujourd’hui, il a été éduqué en milieu bretonnant, dans une société qui vivait selon un code strictement établi.

Il n’enseigne pas, il raconte minutieusement, paysannement, comment on vivait dans une "paroisse" bretonnante de l’extrême ouest armoricain au cours du premier demi-siècle. Il ne veut rien prouver, sinon que la véritable histoire des paysans reste à faire et qu’il est un peu tard pour l’entreprendre.

Il affirme tranquillement que ceux qui jugent les paysans comme des êtres grossiers sont eux-mêmes des esprits sommaires et naïfs. Il ajoute que les hommes ou les régimes qui ont suscité des révoltes de paysans ont fait entrer ces derniers en jacquerie à force de mépriser leur culture.

Alors le Cheval d’Orgueil a secoué furieusement sa crinière !

L’auteur n’est pas convaincu, en passant d’une civilisation à l’autre, d’avoir humainement gagné au change. Mais aujourd’hui, la grande question qui se pose est de savoir s’il existe encore des paysans, c’est-à-dire des hommes qui, avant d’être de leur temps sont d’abord de quelque part où ils doivent se mettre à l’heure du temps qu’il fait.

Pierre Jakez HÉLIAS

Né en 1914 au bourg de Pouldreuzic, sur la baie d’Audierne, entre la pointe de Penmarc’h et la pointe du Raz. Parents ouvriers agricoles, cultivateurs sans terre. La seule langue utilisée hors de l’école est le breton.

Boursier au lycée de Quimper, étudiant à Rennes, enseigne les humanités classiques dans divers établissements publics de l’académie sans jamais vouloir en sortir. Actuellement professeur agrégé de lettres à l’Ecole Normale du Finistère, chargé de cours de celtique à l’Université de Bretagne Occidentale.

Enfant, il a été élevé au sens propre du terme par ses deux grands-pères, conteurs impénitents l’un et l’autre, le premier fort connu pour son répertoire traditionnel et ses inventions humoristiques, le second atteignant au surréalisme en suivant la pente naturelle de son esprit. En breton, bien sûr !

À la Libération, après avoir été rédacteur en chef de l’hebdomadaire Vent d’Ouest, organe du Mouvement de Libération Nationale, il est chargé d’assurer à la radio les émissions en breton à l’intention des auditeurs de basse Bretagne. Il écrit des centaines de dialogues illustrant les traits les plus originaux de la vie quotidienne des bretonnants ; il promène son magnétophone dans les fermes et les bourgs, recueillant une masse de documentation de toute sorte et se familiarisant avec les divers dialectes de sa langue maternelle. De petites compagnies d’amateurs représentent dans les campagnes et même dans les villes de la zone bretonnante ses sketches radiophoniques les plus célèbres.
Président de la Commission Nationale de Folklore à la Ligue de l’Enseignement, l’auteur dirige pendant plus de vingt ans des stages régionaux et nationaux de civilisation populaire à travers la France. Il fait paraître de nombreux livrets d’études et de contes (éd. Jos Le Doare, Châteaulin), et deux grands recueils de synthèse : Le Pays Bigouden et Vivre en Cornouaille (éd. de la Cité, Brest). Enfin, deux livres de poèmes : Manoir secret (1965, Prix Bretagne) et La Pierre noire (1974), rassemblent, en éditions bilingues, l’essentiel de son inspiration poétique bretonnante.

Cet ouvrage est paru en 1975 aux Éditions Plon, collection "Terre Humaine" ; la biographie ci-dessus date aussi de cette époque.


Les ouvrages consultables à la bibliothèque du Centre Généalogique des Côtes-d’Armor

Voir en ligne : Pierre-Jakez Hélias dans la collection Bretagne Films





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