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Cela pourrait commencer par " Il était une
fois Jean Sébastien Bach" mais non, c'était une bande de cousins
devenus amis, passionnés de généalogie se découvrant des ancêtres communs
originaires d'un village des Côtes d'Armor autrefois Côtes du Nord. Désireux
de partager leurs recherches et de rendre hommage à leurs aïeux, ils décidèrent
d'organiser une exposition. Leur première réunion en Septembre 2001, organisée par
le tandem Claudine et Philippe, eut lieu au café
du village en annonçant à chacun que nous irions
tous au paradis, le nom de cet établissement. Ce
n'était pas un palace, mais un céleste
endroit pour nous lancer dans l'aventure. A la fin de cette première réunion
nous nous trouvâmes des affinités électives et
c'est à coeur joie que nous décidâmes de nous
retrouver en Janvier 2002 autour de la galette des rois,
après peut- être pour certains un réveillon chez Bob.
Ce jour là il n'y avait pas David, Thomas et les
autres, mais Claudine, Jean Paul, Philippe des
hommes aux nerfs d'acier, mon grand frère
Joël et les cousamis. Loin d'être en désaccord parfait,
nous progressions dans l'organisation du rêve que j'avais à coeur de réaliser
avant la fin de mes quarante premières
années. C'est avec Isabelle Carre, représentante
des parents d'élèves, devant le
désir de nous aider, que nous réglions le problème du repas du samedi
soir de l'expo. Et le grand jour de la première arriva comme une chère
inconnue, d’abord une messe pour le repos de nos ancêtres, où pendant
la prière je ne me suis pas demandé " mon Dieu
comment suis je tombé si bas? " ni
si « le diable était dans la boite »,
mais si ce bonheur m’était tombé du ciel. Suivit la plantation de notre arbre, non pas dans le jardin
du château de ma mère, mais dans l'allée botanique à l'endroit réservé
par la municipalité, que nous remercions encore. Puis direction Rochereuil pour l'apéritif et allumer ensuite
le feu pour griller les saucisses comme aujourd'hui. La soirée se déroula
calmos, chacun faisant connaissance. A voir tous
ces cousins échanger, on aurait dit un tableau de Rembrandt,
où chacun ainsi les grand ducs, la
liberté en croupe, se découvrait l’héritier
de son histoire familiale. Le lendemain
fut une réussite inespérée, alors que nous pensions que ce serait la seule réunion
donc Never Ever, nous nous quittions en se disant «après
tout on n’a pas été ridicule, alors même
heure l’année prochaine ». La deuxième édition, nous permit de nous retrouver au
pied de notre arbre pour y déposer une plaque souvenir, ainsi «Racines en Sévignac »
s’immortalisait et nous posions pour la photo, on aurait dit des frenchs
postcards. Le lendemain ne fut pas un dimanche de
flic, mais encore un étrange
voyage dans le temps avec la découverte des bulletins paroissiaux
gentiment amenés par un habitant. Ce n’était pas les
innocents aux mains sales mais plutôt aux
mains pleines. Nous réalisions la magie d’une expo, la chance et la récompense
du généalogiste qui à travers les tribulations non
pas d’un chinois en Chine mais d’un cavaleur,
est prêt à parcourir vingt
mille lieues sur la terre, pour ne pas jouer
avec les martiens, mais pour visiter les mairies
et les archives bien rangées dans le placard Constater que les vécés de
celles-ci ne sont pas fermés de l’intérieur,
résoudre les énigmes même blanches,
ne pas tirer le diable par la queue, ou constater
que notre ancêtre a quitté le village familial pour un
amour lointain. Etre généalogiste
demande de la patience, un peu d’indiscrétion,
de la mémoire pas forcément d’éléphant car
quelquefois çà trompe énormément Réaliser
une expo de toutes ces richesses du passé tient du savoir faire en nous faisant
prendre pour des magiciens. Les deux
suivantes éditions furent consacrées aux photos de classe du village. Là
encore beaucoup de chance et de succès, avec l’aide de Allan maître du café
« La Forge » qui nous scannait les photos apportées par les
habitants et me les envoyait par le net. Je pus ainsi confectionner des tableaux
prêts à exposer La première année des photos de classe fut très intense,
beaucoup de visiteurs se reconnaissaient, ce n’était pas la
foire aux cancres, mais la foire aux souvenirs de jeunesse. A la fin nous
nous sommes dit Akoibon chercher un thème pour
la 4ème édition, on recommence. Et ce fut à nouveau une réussite
, avec de nombreux échanges. L’année suivante, après une première réunion toujours
autour de la galette des Rois, il y en eut une seconde pour les
feux de la Chandeleur, où nous décidions de rendre un hommage aux
poilus inscrits ou non sur le monument aux morts du village, en réalisant leur
généalogie sur cinq générations. Travail gigantesque et très prenant, toute l’équipe y
participa et ce ne fut pas les vacances de Mr Bean,
mais au bout du compte un réel plaisir. Il était de notre devoir et logique après les photos de
classe, de rendre cet hommage à ces petits gars morts pour notre avenir, ces
poilus, cible émouvante de l’ennemi, acteurs
de cette symphonie pour un massacre, où certains
ont pu se dire courage fuyons, nous avons le
temps de mourir. D’autres crabe tambour
ou facteur, s’en allant
en guerre, les pieds nickelés par le
froid, rêvant à leur porteuse
de pain, à leur merveilleuse Angélique,
marquise des anges, resteront à jamais dans nos cœurs, sachant que leur
famille les ont attendus en espérant le retour de ce
grand blond avec ou sans chaussure noire L’idée
se révéla bénéfique sans risques de faire du grabuge
chez les veuves, en remuant ce triste passé. Cette année là fut
l’occasion de réunir grâce à la généalogie un frère et une sœur qui ne
se parlaient plus, lui mari de la coiffeuse, elle
à la recherche de ses ancêtres. L’année suivante nous ajoutions les Poilus de Rouillac,
village faisant partie de Sévignac avant la révolution. Le succès était
encore au rendez vous, et je confiai à mon épouse ma joie en lui disant « nous
sommes mieux ici qu’à Honolulu Baby, mais ne
le dis à personne » Le samedi soir
nous eûmes le plaisir d’écouter des accordéonistes, ce ne fut pas le
bal des casses pieds mais la valse des généalogistes heureux Heureux à
rendre jaloux plus d’un s’interrogeant « comment
réussir quand on est C… et pleurnichard? » ou » pourquoi
ça marche ? » Un dernier Tango,
que la nuit fut bonne ! L’expo se
termina en ayant déjà le thème pour cette année. En effet nous n’avions
pas encore tiré notre dernière cartouche. Pour
cette 7ème édition il
nous tenait à cœur d’honorer Théodore Botrel poète breton ainsi que vous
Jean Rochefort, tous deux ayant des ancêtres dans la région Tel un capitaine fracasse
nous démarrions ce projet en rêvant de vous avoir parmi nous, vous Jean, le Moustachu,
l’homme du train, l’amoureux des chevaux ,qui
a été jusqu’à prêter sa voix à Jolly Jumper dans Lucky Luke, le don juan
des femmes, « Mon
lapin » comme vous les appelez, leur dites
vous aussi je ne hais pas les blondes ? Pour notre
invitation, peut-être avez-vous lu la lettre dans le
taxi? Et vous êtes-vous
demandé bien des choses sur
notre sérieux ? Sachez que chez les cousamis ce n’est pas le
complot, mais la simplicité du plaisir partagé et le respect de
l’individu. Salut l’artiste merci d’avoir
accepté d’exposer votre généalogie, de nous honorer de votre présence. Je
n’ai jamais rêvé d’être un gangster,
ni une belle ordure, je ne prétends pas être le
seigneur du château, mais avec mes cousamis
nous cherchons la clef du bonheur à travers ces
rencontres et expos. Je suspends là
mes paroles en espérant avoir dit le principal et ne pas vous avoir trop ennuyés.
Revenons à des fins plus matérielles, le menu de ce soir ne sera pas du bœuf
carotte, mais galettes saucisses entre autres,
comme en Bretagne. Bon appétit, bonne soirée et que la
fête commence !! Rrrrrrrrr
Philippe Delambily
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