Quand il évoque le destin de la chapelle, Edouard Loisy avance en terrain connu. Secrétaire de l'association qui s'attache à restaurer l'édifice depuis cinq ans, il a longtemps enseigné les mathématiques à Saint-Ilan. Mais surtout, il est l'auteur d'un copieux ouvrage qui retrace l'étonnante histoire de cette école créée en 1843.

Situé sur la commune de Langueux, en baie de Saint-Brieuc, ce lycée horticole a été fondé sur l'initiative d'Achille du Clésieux. Plus précisément, il s'agit d'une "colonie agricole pénitentiaire" que le châtelain de Saint-Ilan décide de créer, afin de remettre dans le droit chemin orphelins et jeunes délinquants et soutenir ainsi l'agriculture locale.

Une "oeuvre" charitable saluée par le pouvoir politique, relayée, dès 1855, par les Pères du Saint-Esprit qui poursuivent le travail entrepris. Présents jusqu'en 1974, les séminaristes laisseront, alors définitivement, les lieux aux mains des étudiants en horticulture. Et aujourd'hui, ce sont plus de mille élèves et stagiaires, du CAP au BTS, qui séjournent dans ce jardin-école, entre pépinières et serres florales ultra-modernes.

C'est dans ce cadre qu'il faut restituer la construction de la chapelle, en 1854, vaste édifice néo-gothique réalisé en tuffeau normand. Une pierre qui allait vite s'avérer vulnérable puisque, dès 1887, d'importants travaux devenaient nécessaires pour consolider l'édifice. Une sacristie fut alors adjointe au bâtiment initial. La chapelle fut délaissée, en 1966, au profit d'un lieu de prière plus récent, construit au sein du séminaire. Le lieu se dégrada au fil des saisons, lent mais pernicieux processus qui conduisit, en décembre 1999, à la chute d'un clocheton, obligeant depuis à interdire l'accès à l'entrée principale de la chapelle. Du coup, la cloche a été démontée et trône, aujourd'hui, dans le hall d'entrée de l'école et une vilaine fissure se dessine à la base de la flèche. Les vitraux seraient à restaurer également. "Ce n'est pas encore une ruine, explique Edouard Loisy, mais l'édifice a besoin très rapidement d'être consolidé". Une consolidation qui se chiffre à un million de francs et que ne peut assumer l'école. Alors, de sa plus belle plume, il a adressé une lettre de sensibilisation aux anciens de l'école et du séminaire, aux parents d'élèves, aux Spiritains et aux habitants de Langueux. Une sollicitation qui permettra peut-être de sauver en partie ce "Trésor" oublié.

Olivier Le GALL