Mise à jour le :
03/03/04
Département des Côtes-du-Nord ( Ci-devant Basse-Bretagne )
Par Abel HUGO - 1835
Histoire
Antiquités
Caractères,
moeurs, etc.
Costumes
Langage
Notes
biographiques
Topographie
Météorologie
Histoire
naturelle
Villes,
bourgs, châteaux, etc.
Variétés
- mœurs bretonnes
Division
politique et administrative
Population
Garde
nationale
Impôts
et recettes
Dépenses
départementales
Industrie
agricole
Industrie
commerciale
Bibliographie
HISTOIRE
Les Curiosolites et les Ambiliates étaient, à l'époque de la guerre
de l'Armorique contre César, les peuplades principales habitant le
territoire qui forme aujourd'hui le département des Côtes-du-Nord.
Ce pays, compris dans la troisième Lyonnaise, fit ensuite partie de la
Bretagne, suivit toutes les vicissitudes de cette grande province, et fut
avec elle réuni à la France.
Il avait eu à souffrir beaucoup pendant les guerres de la ligue, mais
depuis sa réunion, jusqu'en 1758, il jouit d'une tranquillité profonde.
A cette époque les Anglais débarquèrent sur la Côte de Saint-Cast et
jetèrent l'alarme dans la Bretagne ; mais huit jours après ils furent
forcés de regagner honteusement leurs vaisseaux.
Pendant la Révolution, le département prit peu de part à la guerre
civile ; ce fut néanmoins sur son territoire que se livra le combat où
fut tué, en 1795, lors de l'expédition de Quiberon, le chevalier de
Tinteniac, commandant une division de l'armée rouge, c'est-à-dire de
paysans bretons qu'on avait revêtus de costumes anglais.
ANTIQUITÉS
Les antiquités druidiques des Côtes-du-Nord ne sont ni aussi
considérables, ni aussi multipliées que celles du Finistère et du
Morbihan. On y voit des peulwens, des dolmens, des pierres branlantes, des
tumulus, etc.
Nous nous bornerons à citer la pierre branlante de l'île de Bréhat
et le tumulus de Lancerf. Le département renferme les ruines de deux
villes antiques, Corseul, capitale de Curiosolites, qui existait à peu de
distance de Dinan ; et Rhéginea, port romain dont on voit des traces à
Erqui, près de Lamballe.
Corseul était une ville importante où aboutissaient quatre voies
romaines. De nombreux débris, témoignent de son ancienne grandeur,
notamment les ruines d'un temple octogone que quelques auteurs ont cru
être le fanum Martis, dont il est question dans la table théodosienne.
Outre des tombeaux renfermant des ossements d'une grande dimension, on y a
découvert du verre à vitres, et, ce qui doit paraître plus curieux, une
espèce de pipe en terre rouge, qui semblerait prouver que quoique les
anciens Gaulois ne connussent pas le tabac, ils avaient l'usage de fumer
quelques plantes fortes âcres et aromatiques.
Les antiquités d'Erqui se bornent à quelques murs ruinés, à des
médailles effacées, et à une mosaïque assez bien conservée.
En 1808 et en 1824, la mer a laissé à découvert sur la plage de
Binic, les restes d'un ancien édifice de 80 pieds de long, sur 40 de
large, dans ses murailles, que quelques savants du pays croient de
construction antique, on a recueilli environ 200 médailles des empereurs
romains et quelques monnaies espagnoles à l'effigie de Charles-Quint.
C'est près de là, à Pordic, qu'existe le camp romain, vulgairement
appelé camp de César.
L'espace nous manquerait pour signaler les vieux châteaux féodaux,
les nombreuses églises antiques et les vieilles abbayes (presque toutes
fondées par des saints Bretons) qui existent dans le pays ; mais nous
mentionnerons un monument célèbre dont l'antiquité et la destination
sont depuis long-temps l'objet des controverses des savants. Le temple de
Lanleff, qui sert aujourd'hui de vestibule à l'église du lieu, est un
édifice circulaire à double enceinte concentrique, dont l'une est en
partie détruite.
L'enceinte intérieure, de 30 pieds de diamètre, est percée de douze
arcades voûtées en plein cintre et décorées de pilastres.
Ces arcades sont d'une largeur inégale et varient de 5 pieds à 5
pieds 9 pouces. Douze colonnes de grandeurs diverses sont adossées à la
muraille, une entre chaque arcade ; les plus petites au nombre de huit,
ont 8 pieds et quelques pouces de haut y compris les chapiteaux et les
soubassements ; les quatre plus grandes sont hautes de 15 pieds sans
chapiteaux et placées aux quatre points cardinaux. L'enceinte
extérieure, située à 9 pieds de l'autre, présente aussi douze colonnes
qui paraissent avoir soutenu une voûte à clef.
Il ne reste qu'un tiers de cette voûte, c'est la partie située du
côté de l'église. Deux arcades voisines de la porte, fermées par une
maçonnerie, forment aujourd'hui la sacristie : une autre sert à soutenir
l'escalier du clocher ; enfin une quatrième a été convertie en
chapelle. Entre les colonnes qui soutiennent la voûte et en face des
grandes arcades sont douze fenêtres décorées de colonnes et construites
comme les meurtrières des anciennes fortifications. Au-dessus de chaque
couple d'arcades se trouve une grande ouverture cintrée par en haut.
L'enceinte du temple a été couverte ; on aperçoit encore les traces de
l'endroit où le toit s'appuyait, il n'y avait qu'une seule porte
d'entrée, voûtée en plein cintre et large de 10 pieds sur 13 de hauteur
; elle est située du côté de l'orient.
L'église est construite en granit rouge et gris, qui a de l'analogie
avec le poudding siliceux.
L'intérieur du monument a été garni d'un pavé ; on en trouve
quelques fragments entre les arcades et l'enceinte extérieure.
La maçonnerie est par assises régulières jusqu'au dessus des
arcades. Le reste est composé de pierres de dimensions différentes.
L'architecture est un mélange grossier d'ordre toscan et d'ordre
gothique. Les ornements des chapiteaux et les socles des colonnes ne sont
ni de la même forme ni de la même grandeur. Les chapiteaux représentent
des pommes de pin. Ils sont surmontés d'un listel et d'une volute peu
saillants, représentant par le profil diverses têtes de bélier.
On remarque, sur les chapiteaux des colonnes qui soutiennent le plein
cintre de l'arcade intérieure qui fait face à la porte deux bas-reliefs,
l'un sur la colonne du côté du midi, représentant deux béliers
superposés, l'autre sur la colonne du nord offrant un cercle rayonnant,
image grossière du soleil.
Un if majestueux, planté dans l'enceinte intérieure (qui sert de
cimetière à la commune), a cru au centre du monument qu'il domine
aujourd'hui de son feuillage et auquel il forme un dôme pittoresque. Les
savants bretons sont loin d'être d'accord sur le monument de Lanleff: les
uns y voient un ancien temple armoricain, les autres une construction
romaine consacrée au culte du soleil 1 (*) ; quelques-uns un ancien
hôpital pour les pèlerins revenant de la terre sainte, ceux-ci une
église bâtie par les templiers, ceux-là lin baptistaire des chrétiens
primitifs. Nous ne nous hasarderons pas à décider la question.
CARACTÈRE,
MOEURS, ETC.
Les
habitants des villes, dans le département des Côtes-du-Nord, ont
des moeurs simples et faciles. Ils sont affables et prévenants avec les
étrangers, intelligents, actifs et industrieux. Doués d'aptitude pour
les sciences et les lettres, ils attachent de l'importance à les
cultiver, et ils sont généralement plus instruits qu'on ne pourrait le
supposer, d'après la situation reculée de leur département. Les
habitants des campagnes diffèrent en plusieurs points de ceux des villes.
La complexion du paysan bas-breton est forte et nerveuse, il a la stature
épaisse et courte, la poitrine ouverte, les épaules larges, les traits
mâles et le regard assuré. Ses dents sont blanches, son teint est brun,
sa chevelure noire et sa barbe fournie,
Il a naturellement le caractère impétueux et les passions violentes.
L'usage des liqueurs fortes et l'ivrognerie à laquelle il est enclin,
augmentent la fureur de ses emportements. On a remarqué que dans les
querelles, le Bas-Breton, semblable au taureau, lutte et frappe violemment
avec la tête. Il a d'ailleurs des qualités réelles ; il est franc et
loyal, charitable et hospitalier, réservé, grave et patient.
On reproche aux paysans bretons un entêtement opiniâtre, une
indolence apathique, une curiosité irréfléchie et une crédulité par
fois trop naïve.
Leur humeur est généralement mélancolique, mais ils ont
généralement une imagination vive et poétique, et une sorte
d'éloquence naturelle, chaleureuse et persuasive.
Malgré la rudesse extérieure et une brusquerie souvent excessive, le
fond du caractère du Breton est la bonté et la sensibilité. Il aime son
pays avec passion et languit quand il en est éloigné. L'attachement
qu'il a pour son village et pour sa famille quelle que soit
l'insensibilité apparente qu'il témoigne dans les relations domestiques,
ne peut être comparé qu'à celui qu'il porte à la religion de ses
pères. Il est dévot et superstitieux. Les prêtres excellents en
Bretagne une grande influence, et cela se conçoit facilement : le curé
d'un village parle la même langue que ses paroissiens, a les mêmes
goûts et mène comme eux une vie rude très sévère.
Le Bas-Breton nourrit une haine héréditaire pour les Anglais, anciens
ennemis de son pays. Il déteste les Normands, actifs et astucieux, qui,
grâce a une activité soutenue, se sont emparés du commerce de la
Bretagne ; enfin il considère à peine comme des compatriotes les
Français qui ne parlent pas sa langue. Les paysans bretons ont un langage
emphatique et solennel ; ils entremêlent leurs discours de proverbes et
de passages de l'Ecriture sainte. La Bible est presque le seul livre de
ceux qui savent lire. Une économie poussée jusqu'à l'avarice est assez
commune chez les cultivateurs. Quelle que soit leur richesse, et il en est
qui possèdent 15 000 francs de rentes, leur manière de vivre, grossière
et frugale, est la même que celle des plus pauvres. Ils mangent de la
viande deux ou trois fois par semaine. Leurs autres repas se composent de
bouillie, de crêpes, de galette, de pain de seigle ou d'orge, point de
légumes frais, jamais de poisson, excepté quelques livres de morue
pendant le carême.
Le vin est un luxe qu'ils ne se permettent qu'au cabaret, mais alors
ils en boivent avec excès.
MARIAGES
Le mariage, suivant les localités, est accompagné, en Basse-Bretagne,
de cérémonies et d'usages qui remontent à une haute antiquité.
A l'île-aux-Moines, se sont les filles qui demandent les garçons en
mariage.
Ailleurs, le jeune époux doit enlever sa fiancée après l'avoir fait
long-temps demander par une espèce de barde ou de poète que l'on nomme
discoureur.
Ailleurs encore, et alors même que le mariage est convenu, la jeune
fille ne sort de la maison paternelle, pour aller à l'église, que
lorsque deux chanteurs parlant en vers, l'un au nom de l'époux, et
l'autre au nom de la famille de la fiancée, ont fait long-temps assaut
d'esprit pour l'obtenir et pour la refuser. Le poème de Marie présente
une agréable peinture de cette lutte poétique.
Quelquefois avant de s'engager, les grands parents se visitent
réciproquement pour examiner leur avoir-mobilier. Cette entrevue
intéressée s'appelle ar weladen, la revue. Quelques écus de plus ou de
moins suffisent dans ce cas pour faire rompre l'union la mieux assortie. -
Dans plusieurs communes, la jeune épouse paraît à l'église avec les
habits de sa grand'mère ou de sa bisaïeule ; ce sont des vêtements
riches et éclatants qui ne servent que dans de rares occasions ; on se
les transmet de génération en génération.
Une coutume touchante et assez généralement répandue dans les
Côtes-du-Nord, c'est de faire célébrer, le lendemain du mariage, un
service solennel en l'honneur des parents qu'on a perdus.
UNE NOCE
Dans un grand nombre de communes on ne s'occupe de mariages qu'à
l'approche des fêtes de Noël, pourvu toutefois que la récolte des
pommes ait été abondante ; car si le cidre manque, tout est ajourné à
l'année suivante. L'amour ne joue aucun rôle dans toutes ces unions. Il
n'est pas même d'usage que ce soient les parents qui s'en occupent. Un
ami ne se hasarderait jamais à offrir à son ami d'unir leurs enfants,
quels qu'en fussent d'ailleurs leurs désirs mutuels.
Des entremetteurs banaux, le plus souvent des tailleurs, négocient les
mariages. Une entrevue a lieu dans un cabaret du bourg voisin.
Le jeune homme et la jeune fille y assistent, mais ce sont les pères
seuls qui décident.
Après avoir préalablement bu quelques rasades, on s'occupe de l'objet
de la réunion, et comme le mariage est devenu un simple marché, il ne
faut pour le décider guère plus de paroles que pour la vente d'un cheval
ou l'achat d'une paire de boeufs. Quand les chefs des deux familles se
sont frappés la main, la séance est levée ; les deux accordés qui,
peut-être, ne s'étaient jamais vus et ne se sont pas dit quatre mots
pendant la discussion qui vient de décider de leur sort, suivent leurs
parents à la mairie et à la sacristie, afin d'y arrêter les
fiançailles. - Un mois après ils reviennent au bourg, accompagnés
seulement des témoins nécessaires, y contractent le mariage civil, et se
séparent souvent ensuite pour ne plus se revoir qu'à l'époque de la
cérémonie religieuse.
Cependant on invite pour les noces trois ou quatre cents parents, amis
et connaissances, et si on ne veut pas sacrifier une paire de boeufs, on
traite avec le boucher pour un certain nombre de quintaux de viande, et
avec un boulanger pour quelques voitures de pain de pur froment. Chaque
famille doit en outre fournir une quantité de pain de seigle. On tue
trois ou quatre porcs gras, une douzaine de veaux.
Vingt ou trente barriques de fort cidre sont disposés pour le festin.
Toutes les pièces de la maison et de celle du voisin, les granges, les
hangars et souvent les étables, sont transformés en salles de banquets.
On va en cérémonie chez les plus proches parents de la famille ou
chez les individus les plus considérés du lieux, pour leur offrir les
fonctions honorifiques, mais accablantes qu'ils auront à remplir pendant
la durée de la fête.
L'un apprend avec orgueil qu'il a été préféré aux principaux
notables de la paroisse, et quelquefois même au maire, pour être le
cuisinier, L'autre se réjouit d'être chargé, pendant deux jours et deux
nuits du fatigant office d'échanson. Celui-ci doit être le rend maître
des cérémonies. Celui-là promet de remplir de son mieux la charge
honorée de bouffon ; tous les quatre reçoivent pour marque distinctive
un noeud de rubans qu'ils porteront attaché à l'épaule.
Enfin le grand jour arrive. Dès le matin les invités se hâtent
d'accourir. Chaque chef de famille dépose entre les mains du cuisinier la
longe de veau qu'il offre pour cadeau de noces, et l'aînée de ses filles
présente à la femme chargée de la police féminine, l'écuelle de
beurre frais dont elle fait hommage.
Arrive enfin l'époux escorté de ses proches et de son garçon
d'honneur, porteur du panier où est contenu une partie du trousseau. Il
salue l'assemblée, dont chaque membre l'embrasse ; puis il offre une
ceinture en ruban moiré d'or à sa compagne future. Chaque garçon
s'empresse d'en présenter une pareille, ou moins riche, a la fille qu'il
préfère, et qui contracte, en la recevant, l'obligation de danser avec
lui.
On part pour l'église. La cérémonie nuptiale a lieu.
Dès que la mousqueterie et des cris sauvages annoncent le retour de la
noce, les vieillards et les enfants, restés au logis, s'avancent sur la
pelouse, à l'entrée du village, où est dressée une table sur laquelle
se trouvent un pain de froment, une moche de beurre, du cidre et un verre.
Le maître des cérémonies rompt ce pain et en offre un morceau au mari,
qui en donne la moitié à sa nouvelle compagne. Ensuite l'échanson
présente à celle-ci un verre de cidre qu'elle effleure de ses lèvres et
qu'achève d'un trait le mari. Tous les invités boivent à la santé et
au bonheur des nouveaux mariés.
C'est au milieu de leurs vOEux bruyants, au son éclatant des haut-bois
et des bignoux, et précédé des quatre grands officiers de la noce, que
le couple nouveau rentre dans le village et va s'asseoir enfin au festin
nuptial. Le premier service se compose de plats copieux, de soupe, de
bOEuf et de lard. Au second et au troisième paraissent d'énormes pièces
de viandes bouillies, et le sel qui doit leur servir d'assaisonnement. A
l'issue du repas, les mariés vont visiter les mendiants rangés et assis
au dehors, souvent au nombre de 2 à 300, et qui ont en aussi leur part du
festin Ils choisissent parmi eux un homme et une femme avec lesquels ils
commencent la danse par une ronde qui devient bientôt générale ; à
cette ronde succède une vive promenade circulaire, suspendue, au milieu
de chaque strophe de l'air qui l'accompagne, par des pas cadencés et par
un bond qui termine la mesure ; les danseurs sont divisés par couples,
c'est ce qu'on appelle le bal.
Au coucher du soleil on sert le souper uniquement composé des énormes
quartiers de veau apportés en présent, arrosés par d'abondantes
libations de cidre. Puis on danse jusqu'à ce qu'enfin on conduise le mari
auprès de sa femme qui l'attend dans le lit nuptial, la face collée
contre la muraille et revêtue d'un nouvel habillement complet. On y
pousse le mari sans lui permettre de se déshabiller, et aussitôt,
assailli par ses proches et ses amis, il reçoit et leur rend leurs
accolades, et répond, tant qu'il lui est possible, aux toasts qu'ils lui
portent : ils ne le quittent que lorsque épuisé de fatigue et succombant
à son ivresse, ils l'ont vu s'endormir et ronfler adossé à la jeune
mariée.
Dans plusieurs communes, l'épouse est confiée pendant la première
nuit à la surveillance du garçon et de la fille d'honneur, qui se
couchent tous les deux entièrement vêtus entre le nouveau couple.
La noce dure quatre jours.
Le quatrième, le mari et sa femme ne paraissent pas à table et y
servent, à leur tour, les dignitaires harassés qui prennent leur
revanche. Le cinquième jour au matin tout est rentré dans l'ordre. Les
familles des nouveaux mariés règlent la part que chacune d'elles doit
supporter dans la dépense commune qui, lorsqu'elles ont de l'aisance
s'élève souvent de 1,500 à 2,000 francs.
Tout terminé et balancé à un centime prés, la jeune femme quitte la
maison paternelle. CONDITIONS DES FEMMES.
" Les femmes (dit M. Habasque) ne tiennent, dans les campagnes de
la Basse-Bretagne, qu'un rang, secondaire. Elles servent leur mari à
table et ne lui parlent jamais qu'avec respect. Dans les familles peu
riches, elles travaillent aux champs et se livrent à tous les travaux
pénibles Elles ne sont point jolies, leurs traits sont sans délicatesse,
leurs vêtements sont lourds et ne laissent entrevoir aucune forme.
C'est une beauté d'avoir le teint rouge et animé.
Dans quelques localités, les jeunes filles coquettes se graissent le
front pour l'avoir luisant. - En Basse-Bretagne, comme en Angleterre les
jeunes filles jouissent d'une grande liberté. Elles courent le jour et la
nuit avec les jeunes gens, sans qu'il en ait long-temps résulté aucun
désordre apparent. Les mOEurs commencent à être plus relâchés depuis
quelques années. Les pileries de lin, la fenaison, les travaux de la
moisson réunissent les jeunes gens des deux sexes. Ils se rencontrent
aussi aux fileries ou veillées nôzveziou. "
COSTUMES
Les vêtements du paysan riche ne diffèrent de ceux du paysan pauvre
que par l'étoffe. Ceux du premier sont ce drap, et ceux du second en
toile, hiver comme été. Le cultivateur riche porte des souliers, et le
cultivateur pauvre, quand il ne va pas nu-pieds, ne se sert que de sabots.
Le riche a en outre des guêtres de cuir retenues par des boucles en
cuivre. Il se couvre dans le mauvais temps d'un manteau bleu ou brun. Les
femmes riches et pauvres ont des mantelets à capuchons, nommés en breton
joubelinen, et dont l'étoffe varie, suivant le plus ou moins d'aisance de
celles qui les portent. - Un luxe qui s'est introduit depuis quelques
années chez les paysans aisés, est l'usage d'une montre d'argent. Une
montre est la première demande que fait un conscrit remplaçant.
LANGAGE
Le langage brezounecq, vulgairement nommé bas-breton, est la langue
nationale de plus de l,100,000 habitants sur les 1,556,790 qui composent
la population des départements du Morbiban, du Finistère et des
Côtes-du-Nord 2 (*) . Cette langue est considérée par les savants de la
Bretagne comme l'ancienne langue celtique. Elle a beaucoup plus de
ressemblance avec le gaelic d'Irlande (irlandais) et le gaelig de la
Haute-Ecosse (erse), qu'avec le cymraëg du pays de Galles (gallois) Les
Bretons qui la parlent sont appelés Bretous-bretonnans. - Cette langue
est la seule dont on se serve dans les campagnes ; tous les habitants des
villes la parlent et la comprennent, excepté peut-être ceux de Bre5r,
où elle est étrangère à une grande partie de la population. - La
langue brezounecq se divise en quatre dialectes principaux : ceux de Léon
et de Tréguier, qui ont entre eux beaucoup de rapport ; ceux de la
Cornouailles (Quimper-Corentin} et de Vannes, dont la différence avec les
deux premiers est telle, qu'un Léonais se fait difficilement comprendre
dans la Cornouaille, et qu'il n'est pas du tout compris dans le Morbihan.
Cette différence, toutefois, existe plutôt dans la prononciation que
dans les termes ; car M. Habasque, auquel nous empruntons une partie de
ces détails sur le brezounecq, assure qu'après un mois de fréquentation
il est facile à un habitant de Léon ou de Tréguier de causer avec un
Vannetais sur tous les sujets possibles. - Le dialecte léanais qui ne
renferme qu'un petit nombre de mots bretonnisés, et dont la prononciation
est douce et rarement gutturale, passe pour le meilleur des quatre
dialectes. La langue bretonne quoique pauvre, a de la force et de
l'énergie, parfois de la grâce et de la douceur. Elle possède des tours
et des locutions agréables. - Au désir de vous revoir ; - Au regret de
vous quitter, sont des termes d'adieux employés dans lai campagnes. Quand
le temps est beau les paysans disent E bad é beva hirio. il est doux de
vivre aujourd'hui. - Cette langue abonde en termes qui expriment les
opérations du labourage.
Les mots nouveaux dont elle s'augmente et qui indiquent des
découvertes modernes y passent avec leur signification primitive. On se
contente d'en allonger un peu la prononciation ou d'en changer
légèrement la désinence, ainsi de fusil on a fait fusuil, et de sabre,
sabren.
La grammaire bretonne est simple et peu comp1iquée ; les règles y
sont en petit nombre. Les noms n'y ont qu'un genre, ce qui explique
pourquoi les Bretons qui commencent a parler français disent un tille, un
maison, le beau jument, etc. ; les adjectifs sont invariables, et dans les
verbes il suffit de connaître la première personne de chaque temps,
toutes les autres étant les mêmes au singulier et au pluriel, et
n'étant distinguées que par le pronom personnel. - L'orthographe de la
langue bretonne ne paraît pas être fixée d'une façon hors de toute
contestation, ce qui provient de ce que la plupart des monuments
littéraires de cette langue sont encore conservés par la tradition et
par la mémoire plutôt que par l'impression.
Cette langue renferme quelques syllabes och, ech, ach, dont la
prononciation est gutturale et doit être fortement aspirée.
Les cultivateurs Bas-Bretons parlent leur langage avec une grande
pureté et observent scrupuleusement les règles de leur syntaxe. Ils
emploient toujours le mot propre et raillent volontiers les habitants des
villes qui prononcent mal ou se servent de locutions vicieuses. Ainsi, en
brezounecq, deux termes signifient chemise ; l'un désigne celle de
l'homme, l'autre celle de la femme. Le citadin qui, ignorant cette
différence, fait indistinctement usage de l'un ou de l'autre, prête à
rire au paysan. - La langue brezounecq commence néanmoins à perdre de
son empire. Avant la Révolution, chaque paroisse renfermait au plus
quatre ou cinq personnes sachant le français. Aujourd'hui il n'y a pas
d'enfant de cultivateur aisé qui ne le parle ou ne le comprenne.
Autrefois, dans les petites villes, les ouvriers et les domestiques ne
parlaient que le brezounecq ; maintenant ils se servent indistinctement de
l'un ou de l'autre idiome.
L'ancienne littérature bretonne on celtique est considérée comme a
peu près nulle.
Des ballades historiques, pareilles aux fameuses romances espagnoles,
des lais, des fabliaux, des romans de chevalerie ont existé dans cette
langue ; mais les seuls morceaux un peu anciens qui aient été autrefois
imprimés sont une Vie de Saint Guignolé ; un petit drame, la Prise de
Jérusalem par Titus ; et Les Amourettes du vieillard, petite comédie
dans laquelle le barbon amoureux est berné et joué comme de coutume.
Quant à la littérature moderne, on y remarque quelques ouvrages
ascétiques, pour la plupart traduits du français, des cantiques où la
beauté des images se joint à la richesse de l'expression ; un poème de
Michel Morin plein de verve et d'originalité ; le roman des Quatre fils
Aymon ; les Fables d'Esope ; les Lamentations de Jérémie, etc. - La
partie brillante de la littérature bretonne est la chanson ; mai, ces
poésies fugitives sont rarement imprimées. On cite comme un chant
véritablement populaire celui qui commence par ces mots An ini Goz. On
dit que dans les pays étrangers il produit sur les soldats bretons le
même effet que le Raez des vaches sur les Suisses éloignés de leur
patrie.
NOTES
BIOGRAPHIQUES
Nous avons eu des renseignements sur les limites distinguées qui
appartiennent au département ; nous nous bornerons à citer les suivants:
Un savant érudit, le conventionnel Yves AUDREIN, évêque constitutionnel
du Finistère, qui vota la mort de Louis XVI et défendit plus tard avec
une chaleur courageuse sa fille, Marie-Thérèse ; le maréchal de
BEAUMANOIR, vainqueur au glorieux combat des Trente ; la famille de
BOISGELIN, dont un des membres fut académicien et cardinal ; deux braves
marins, le capitaine de vaisseau BOURDÉ et le contre-amiral LE BOZEC ; le
savant LE BRIGANT, timide l'illustre Latour d'Auvergne, et comme lui connu
par ses recherches sur la langue celtique ; un agronome habile, DE
COURSON, fondateur du bel établissement rural de Lysandré ; un antre
agronome estimé, BARON DUTAYA ; un savant jurisconsulte du XVIe siècle,
François DOUARON, ami et émule de Cujas un membre de l'Assemblée
législative, LE DEIST DE BOTIDOUX, auteur d'une traduction des
Commentaires de César et de recherches sur les Antiquités celtiques ; le
franc et spirituel DUCLOS, historien de Louis Xl, écrivain consciencieux
et profond ; un naturaliste distingué, FERRARY, chimiste habile,
correspondant de l'Académie royale de médecine ; le féroce EDER DE
FONTENELLE, sieur de Beaumanoir, un des chefs de la Ligue au XVe siècle,
monstre qui dispute à Gilles de Retz le titre de Barbe-Bleue ; l'auteur
d'une Grammaire générale estimée des savants, FROMAGET ; un de ces
hommes qui fon honneur à l'humanité, le vertueux LA GARRAYE ; le
général GAUTHIER, mort glorieusement à Wagram ; un savant estimable,
HABASQUE, auteur de recherches curieuses intitulées Notions historiques,
géographiques, etc., sur les Côtes-du-Nord ; le grammairien JEGOU,
littérateur instruit dans la langue celtique ; le comte DE KERGARIOU,
pair de France sous Charles X, ancien préfet et membre de la Société
royale des Antiquaires ; LAGUYO-MARAIS, qui fut un des chefs de la fameuse
conspiration de la Rouairie ; le docteur LAVERGNE habile comme médecin,
comme chimiste et comme agronome ; un littérateur connu par ses
recherches sur la langue celtique, LEGONIDEC, auteur d'un Dictionnaire
breton-français, l'illustre MAHÉ DE LA BOURDONNAIS qui conquit Madras
sur les Anglais et qui administra si habilement Bourbon et l'île de
France 3(*) ; un naturaliste instruit, LE MAHOUT ; un homme vertueux et
modeste dont la vie fut pleines de bonnes OEuvres ; fondateur de
l'institution de bienfaisance connue à Paris sous le nom d'Asyle royal de
la Providence ; l'ancien député NEEL DE LA VIGNE, qui a doté son pays
natal d'un grand nombre d'établissements utiles ; l'honorable et vertueux
DE QUELEN, archevêque de Paris ; le colonel REVEL, excellent officier des
armées de la République, mort au champ d'honneur ; le carme TOUSSAINT DE
SAINT-LUC, historien de Conan Meriadec et de plusieurs des hommes
célèbres de la Bretagne ; un saint breton, YVES HELORY, homme éloquent
et austère qui, dans le XIIIe siècle, fut surnommé, l'avocat des
pauvres ; etc.
TOPOGRAPHIE
Le département des Côtes-du-Nord est un département maritime,
région du nord-ouest, formé de la Basse-Bretagne. - Il a pour limites :
au nord, l'Océan ; à l'est, le département d'llIe-et-Vilaine ; au sud,
celui du Morbihan ; et à l'ouest, celui du Finistère.
Il tire son nom de sa position maritime sur la Manebe, qui baigne toute
sa partie septentrionale. - Sa superficie est de 701,231 arpents
métriques d'après M. de Prony, et seulement de 644,300 d'après M.
Habasque.
SOL
Le sol, engraissé par le goémon et les autres plantes marines, se
compose, jusqu'à trois lieues de distance des côtes, de terres
excellentes ; dans l'intérieur du département, la superficie du terrain
est une couche de terre à bruyères ou de landes qui est d'ailleurs assez
fertile.
MONTAGNES
Le département est traversé de l'est à l'ouest par la chaîne des
Montagnes-Noires, dont le point culminant dans les Côtes-du-Nord, est le
Menez-Haut, qui a environ 340 mètres d'élévation au-dessus du niveau de
la mer.
Cette chaîne y forme deux versants les eaux de l'un se jettent an
nord, dans la Manche, et ceux de l'autre au sud, dans l'Océan. Elle se
ramifie en un grand nombre de contre-forts qui sillonnent le pays dans
tous les sens.
FORÊTS
On compte dans le département 25 forêts principales, où les essences
dominantes sont le chêne, le hêtre, le bouleau et diverses espèces
d'arbres verts. - Les plus considérables parmi ces forêts, sont celles
de Quenecon (4,000 hectares), de Loudéac (3,800), de la Hunaudaie
(3,000),et de Lorgea (2,500).
CÔTES ET PORTS
Les côtes, déchirées par un grand nombre de baies et creusées par
l'embouchure de plusieurs rivières, présentent un développement
d'environ 245,000 mètres. Elles sont généralement escarpées et
défendues par des roches et des falaises granitiques, au pied desquelles
se trouvent dans certaines localités de grandes surfaces de sable que
l'Océan découvre à la marée basse. - Les plages sont composées
tantôt de sables fermes et solides, comme dans le golfe de Saint-Brieuc,
tantôt de sables mouvants et qui offrent des dangers réels, comme la
grève de Yaudet, près de Lannion. On trouve sur les côtes du nord
plusieurs ports de mer, dont les principaux sont le Legué (port de
Saint-Brieuc), Binic, Portrieux (Saint-Quay), Paimpol et Trégnier.
ILES
La partie la plus septentrionale et occidentale des côtes présente un
grand nombre d'îles, dont les plus remarquables sont celles de Goêlo, de
Saint-Riom, de Bréhat, de Maudé et le groupe dit des Sept-îles.
RIVIERES
Aucune des rivières du département n'est par elle-même navigable ;
elles ne le deviennent qu'au bord de la mer, à l'aide du flux seulement,
et toutes, sauf la Rance, cessent de l'être à la basse marée. Les
principales sont : le Guer, le Guindy, le Jandy, le Trieux, le Leff, le
Gouet, l'Esron, le Gouesson, l'Arguenon et la Rance, qui coulent tous du
sud an nord. et qui ont tout leur cours dans le département ; l'Aven, le
Blavet, l'Oust. le Lié, et le Men, Ont seulement leur source dans le
département et se dirigent du nord au sud. On évalue la longueur de la
partie navigable des rivières à environ 41,000 mètres.
CANAUX
Le département possède deux canaux. L'un, celui du Blavet à l'Aulne,
fait partie de la grande communication projetée de Nantes à Brest ;
l'autre, celui d'Ille-et-Rance, réunira les deux versants de la Bretagne
et doit avoir 80,796 mètres de développement.
ROUTES
Depuis quelques années, l'administration locale s'est beaucoup
occupée de l'amélioration des communications viables. La partie centrale
du pays, et surtout l'arrondissement de Loudéac, ont encore besoin qu'on
y en ouvre de nouvelles ; néanmoins, le département est traversé déjà
par 6 routes royales, et compte 16 routes départementales outre nombre de
chemins vicinaux bien entretenus.
METEOROLOGIE
CLIMAT
Le climat est doux et tempéré, mais excessivement humide et sujet à
de perpétuelles variations de l'atmosphère.
VENT
Les vents dominants sont principalement des vents de nord et de
nord-ouest.
MALADIES
Les maladies cutanées, parmi lesquelles, parmi lesquelles la gale est
en première ligne, sont les affections scrofuleuses, catarrhales et
rhumatismales sont les maladies les plus communes. Les épidémies causent
quelquefois d'assez grands ravages.
Le département est un de ceux où le choléra a sévi ; il y a duré
dix mois le nombre des malades s'est élevé à 3,584, et celui des
décès à 1,585. - Les deux arrondissements les plus fortement atteints
ont été ceux de Saint-Brieuc et de Lannion. - Saint-Brieuc a compté 742
décès 1,229 malades ; Lannion 613 sur 1,477.
HISTOIRE
NATURELLE
RÈGNE ANIMAL
Les forêts abondent en animaux de toute espèce ; on y trouve des
loups, des renards, des blaireaux, etc... Les chevreuils et les sangliers
n'y sont pas rares.
Les lièvres et les lapins sont très multipliés dans les plaines. On
cite les lapins des Sept-îles, qui sont noirs pour la plupart et ont les
yeux rouges. Les hermines, les fouines et les belettes vivent dans le
voisinage des habitations ; un préjugé assez général parmi les paysans
fait croire qu'elles portent bonheur. - Le pays renferme un grand nombre
d'oiseaux de toute espèce. Parmi les oiseaux aquatiques et les oiseaux de
mer qui se montrent sur les côtes et dans les îles voisines, on cite les
pingouins, les goélands, les grèbes, les mauves, les eiders, les
cormorans, etc. Les plus remarquables sont les macareux ou perroquets de
mer, qui nichent sur les îlots déserts, et qui, comme les canards
tadornes, creusent dans la terre des trous pour y déposer leurs OEufs. -
Les coquillages, les crustacées, les poulpes et les mollusques sont très
multipliés sur les rochers de la côte.
La mer y est très poissonneuse ; outre le hareng, le maquereau et la
sardine, qu'on y pêche en quantité pendant la saison, On y trouve des
congres, des soles, des plies, des turbots, des saumons, etc.
La mer a jeté plusieurs fois, depuis une vingtaine d'années, sur les
plages qui sont au pied des falaises, et notamment sur celles de Plestin,
de Lannion et de Paimpol, d'énormes cétacés que M. Cuvier reconnu
former un genre particulier, et qu'il a nommés, à cause de la
sphéricité de leur tête, dauphins-globiceps. D'après la forme de cet
animal et la situation verticale qu'il affecte, les naturalistes ont cru
reconnaître en lui la sirène On femme marine (mor groèk des Celtes) sur
laquelle les pêcheurs bretons ont une foule de traditions merveilleuses.
RÈGNE VÉGÉTAL
Les productions végétales des Côtes-du-Nord n'ont rien qui les
distingue de celles du Finistère et du Morbihan.
Comme dans ces départements, la douceur du climat permet aux myrtes et
aux figuiers d'y fleurir et d'y donner des fruits eu pleine terre.
Les essences dominantes dans les forêts sont le chêne, le hêtre et
le bouleau. Le châtaignier y vient bien.Les arbres verts et le pin
maritime surtout acquièrent dans les landes une prompte et belle
croissance. - On remarque parmi les arbustes l'arbousier, le houx, le
genêt, l'aulne épineux, etc. - Le département est placé en dehors de
la limite où la vigne peut être cultivée. Il renferme de grandes
plantations de pommiers.
RÈGNE MINÉRAL
Le sol est très varié ; on y trouve des terrains primitifs, de
transition, secondaires, tertiaires, d'alluvions et même des terrains
qu'on soupçonne d'être volcaniques.
Les terrains primitifs occupent à peu près les trois quarts du
département, on y remarque du granit, du gneiss, du porphyre et du
schiste.
Le pays n'est pas riche en mines métalliques, on y exploite cependant
du fer et de la plombagine. On trouve près de Saint-Quay des sables
magnétiques. - On exploite aussi en diverses localités des ardoises
assez bonnes et du granit d'une grande beauté. Le granit de Saint-Brieuc
est susceptible de recevoir un beau poli. - D'après les géologues du
département, on y trouve en outre du marbre, du kaolin, de l'ocre jaune
et rouge, de la serpentine verte, des améthystes, du quartz hyalin, de la
tourmaline, du grès réfractaire, de l'argile blanche et plastique propre
à la poterie et à la terre de pipe, etc. - Dans un banc de cailloux
considérable qui se trouve auprès de Ploua, on trouve des pierres de
diverses couleurs et dont quelques-unes sont herborisées.
Les terrains calcaires des environs de Dinan renferment assez de
débris de coquilles marines pour qu'on les exploite comme falun.
On a trouvé il y a quelques années dans la falaise d'Etables, non
loin de Portrieux, les ossements d'un énorme quadrupède que les
naturalistes de Saint-Brieuc ont déclaré être un animal anté-diluvien.
- On trouve le long des côtes de Pordic les restes d'une forêt
sous-marine analogue à celle que M. Fruglaye a découverte en 1812 sur
une grève près de Morlaix. - " Un jour, cet ancien député se
promenant après une forte tempête, aperçut l'aspect de cette grève
changé. Le sable fin et uni qui la couvrait avait disparu. On voyait à
la place un terrain noir et labouré par de longs sillons. C'était un
amas de détritus de végétaux, parmi lesquels on distinguait plusieurs
plantes aquatiques, et des feuilles d'arbres forestiers. Au-dessous de
cette couche, se présentaient des roseaux, des joncs, des asperges, des
fougères et d'autres plantes de prairies, dont plusieurs très bien
conservées. Enfin, sur tout ce terrain on voyait des troncs renversés
dans tous les sens. La plupart étaient réduits à l'état de terre
d'ombre, d'autres étaient encore dans un état de fraîcheur. Les ifs et
les chênes avaient leur couleur naturelle. Les bouleaux, très nombreux,
avaient conservé leur écorce argentée. Tous ces débris étaient posés
sur une couche de glaise semblable à celle qui forme ordinairement la
base des prairies, etc. " Eaux minérales.
Le département possède à Dinan un fort bel établissement d'eaux
minérales. Les eaux de Dinan renferment du muriate de chaux, de soude, de
magnésie, du sulfate calcaire, de la silice et de l'oxide de fer ; on en
fait usage en boissons, et on les considère comme très bonnes pour
rétablir les fonctions de l'estomac.
D'autres sources ferrugineuses existent dans le département, notamment
à Saint-Brieuc, à Paimpol, à Tréguier et à Lamballe.
VILLES,
BOURGS, CHÂTEAUX, ETC
SAINT-BRIEUC, sur le Gouet, chef-lieu. de préfecture, à 111 l.
1/2 O. de Paris. (Distance légale. - On paie 57 postes 1/2). Pop. 10,420
hab. - Cette ville, dont on attribué successivement la fondation aux
Diducasses, aux Caletes et aux Curiosolites, paraît plus sûrement devoir
son origine à un monastère fondé en 480, par Saint-Brieuc, moine
anglais, qui se réfugia en Bretagne pour échapper aux persécutions des
Saxons. Le terrain où il s'établit était une forêt. Autour du
monastère se forma bientôt une ville nommée d'abord Bidué. - Nominoé,
en 848, érigea le monastère en évêché ; la ville prit alors le nom de
son fondateur et s'appela Saint-Brieuc-des-Vaux, parce qu'elle était
située dans une vallée encaissée. Saint-Brieuc ne paraît pas avoir
jamais été fortifiée. - Sa cathédrale seule avait été entourée de
murailles et fut assiégée et prise par Clisson, en 1394. - Saint-Brieuc
ne faisait pas partie du comté de Penthièvre ; c'était une ville
indépendante dont la justice et la police appartenaient à l'évêque. Le
régime municipal paraît y avoir été établi dès 1579. - En 1592,
Saint-Brieuc fut prise et pillée par les Lansquenets. - En l'an VIII
(1799), la ville fut attaquée par les Chouans, que la population repoussa
avec courage. Cette ville avait, avant la Révolution, le droit de
représentation aux états de la province ; elle y envoyait deux députés
choisis parmi les bourgeois notables.
En 1601, elle fut ravagée par la peste.
En 1620, on y établit pour la première fois une imprimerie. -
Saint-Brieuc est située dans un fond environné de montagnes qui ôtent
la vue de la mer, dont elle n'est cependant éloignée que de trois quarts
de lieue, et sur laquelle elle possède un port. - Ses églises, ses rues
et ses places sont assez belles. - La cathédrale est un monument gothique
du XIIIe siècle, commencé, en 1220, par saint Guillaume, et terminé, en
1234, par l'évêque Philippe ; elle est digne d'attirer l'attention des
curieux. - L'hôtel-de-ville n'a rien de remarquable ; il renferme les
archives du département, la mairie et la salle des séances de la
société d'agriculture. - L'hospice et l'hôpital sont bien distribués
et bien entretenus. - La salle de spectacle est jolie, mais n'est ouverte
qu'à l'époque des courses. La ville possède une bibliothèque publique
riche de 24,000 volumes ; d'assez jolies promenades, notamment le
Champ-de-Mars, situé devant les casernes et planté d'ormes qui donnent
un ombrage agréable. - On remarque sur le Gouet le pont du Gouedic, beau
pont de trois arches très hardies, qui a été construit en 1744. - Le
port actuel, qu'on nomme le Légué (nom qui se donne aussi à la rivière
du Gouet), a un beau quai qui a été commencé en 1758. Il est commode et
peu recevoir des navires de 350 tonneaux. On voit à l'entrée, sur une
pointe de terre, les ruines de la célèbre tour de Cesson, élevée en
1395, pour défendre l'entrée du Gouet, et qui est entourée d'un double
fossé creuse dans le roc. - Pendant les guerres civiles et la guerre de
la ligue, cette tour fut souvent prise et reprise. Quoique démolie en
partie en 1598, elle présente encore des ruines imposantes. - Il existe,
près de Saint-Brieuc, une source d'eau minérale ferrugineuse. -
Saint-Brieuc est le chef-lieu d'un arrondissement de concours pour les
courses de chevaux. Ces courses y ont eu lieu pour la première fois en
1807. Une belle grève d'un beau sable uni et ferme, située à une lieue
de la ville, au-dessous des falaises que dominent les restes de la tour de
Cesson, sert d'hyppodrôme. Les coteaux environnants forment
amphithéâtre ; ces courses sont généralement brillantes et attirent un
grand nombre de curieux.
LAMBALLE, sur le Gouessan, chef-lieu de canton, à 6 l. E. de
Saint-Brieuc. Pop. 4,399 hab. - Cette ville fort ancienne est considérée
par quelques auteurs comme l'ancienne capitale des Ambiliates, dont parle
César.
En 1084, un monastère y fut construit par Geoffroy Ier, comte de
Penthièvre, sur une montagne qu'on nommait la vieille Lamballe, car il
paraît que la cité armoricaine avait été détruite au IXe siècle, par
les Normands.
Lamballe devint le chef-lieu du comté de Penthièvre. - On y
construisit un château-fort, à l'abri duquel, après la destruction de
la vieille ville, se forma la ville nouvelle qui fût bientôt entourée
de murailles, et devint une place forte. Elle fut souvent assiégée. Lors
du siège de 1591, Lanoue, Bras-de-Fer, y fut tué en faisant une
reconnaissance. - Dans le XVIe siècle, la ville fut souvent prise,
reprise et pillée. - En 1626, le seigneur de Penthièvre, ayant pris
parti contre le cardinal de Richelieu, ce ministre tout-puissant fit
détruire le château de Lamballe, et dès lors la ville ne fut plus
exposée aux ravages de la guerre. - Mais elle eut encore à souffrir des
maladies contagieuses, ainsi que des débordements de la rivière de
Gouessan. - Lamballe est située sur le penchant d'un coteau que domine
l'église Notre-Dame, et au-dessous duquel se trouvent les faubourgs
traversés par la grande route de Paris à Brest. C'est une petite ville
assez jolie, riche et industrieuse, qui s'embellit tous les jours.
On y remarque une agréable promenade établie sur l'emplacement de
l'ancien château. - Lamballe envoyait un député aux Etats de la
Province. - Le Comté de Penthièvre avait été érigé en duché-pairie,
en 1569. - Cette ville possédait autrefois une belle bibliothèque et une
chambre littéraire, nous ignorons si ces établissements utiles existent
encore.
PAIMPOL, petite ville maritime, chef-lieu de canton, à 10 l.
N.-O. de Saint-Brieuc. Pop. 2,108 hab. - Cette ville, qui possède sur la
Manche un port bien abrité avec une rade où les vaisseaux et même les
frégates peuvent trouver un refuge, est située sur le penchant d'une
colline schisteuse élevée d'environ 60 mètres au-dessus des plus hautes
marées. C'est une ville ancienne qui existait dans le XIVe siècle, et
était alors défendue par un château dont on voit encore quelques
traces.
Paimpol fut occupée en 1590, lors de la guerre contre le duc de
Mercoeur, par les Anglais. alors auxiliaires des troupes royales, auxquels
elle avait été donnée comme place de sûreté. En 1593, elle fut
reprise par les ligueurs aux ordres du célèbre Guy Eder de Beaumanoir,
sieur de Fontenelle, qui la saccagea, la brûla en partie et massacra un
grand nombre d'habitants. - Paimpol est une assez jolie ville, active et
commerçante ; elle a des quais larges et bordés de belles maisons, une
belle place, celle du Martroy ; deux lavoirs publics, une fontaine, une
église sous l'invocation de Notre-Dame, ancien édifice convenablement
orné, et situé à l'entrée de la ville, au bout de la rue principale à
laquelle elle a donné sou nom.
Paimpol est baignée par la mer de trois côtés, au nord, à l'est et
au sud.
Le port ou plutôt les ports sont bons et sûrs ; les navires de toutes
grandeurs peuvent y aborder.
Il y existe une calle de construction. L'établissement de la marée à
lieu à 6 heures. - Une source. d'eau minérale ferrugineuse se trouve aux
environs de Paimpol.
DINAN, sur la rive gauche de la Rance, chef-lieu
d'arrondissement, à 14 l. E. de Saint-Brieuc, Pop. 8,044 hab. - Cette
ville est très ancienne, on a cru long-temps que c'était l'ancienne
capitale des Diablintes ou des Diaulites, dont il est question dans les
commentaires de César.
Il est reconnu aujourd'hui qu'elle est bâtie sur le territoire des
Curiosolites, dont la cité principale se trouvait à peu de distance, au
village de Corseul.
Quelques savants ont aussi voulu reconnaître dans Dinan, le lieu
désigné par la table de Peutinger, sous le nom de Nadianum. - Dinan est
située au bord de la Rance, sur une montage escarpée ; elle se présente
de loin sous un aspect pittoresque. Des murs flanqués de grosses tours
l'environnent ; ils défendaient jadis la ville, ils servent aujourd'hui
de clôture à plusieurs beaux jardins. Autrefois ils étaient si forts et
si épais, qu'on aurait pu, dit-on, diriger sur leur couronnement une
voiture à quatre roues. - Dinan a eu long-temps de l'importance à cause
de sa position. Elle a soutenu plusieurs sièges. - Elle fut prise en
1373, par Duguesclin, et en 1379, par Olivier de Clisson. - Elle fut
livrée comme place de sûreté, en 1585, par Henri III, au duc de
MercOEur. Ce chef de la ligue en Bretagne, transporta à Dinan le siège
du présidial de Rennes, et y fit battre monnaie. Néanmoins, la ville
fatiguée de sa domination, se rendit, en 1598 au maréchal de Brissac. -
Dinan, où aboutit le nouveau canal d'llle et Rance, possède un port qui
reçoit des navires de 90 tonneaux, et qui en recevra bientôt de 300.
Cette ville est a 7 lieues 1/2 de Saint-Malo, et ne peut manquer
d'acquérir beaucoup d'importance. Depuis plusieurs années, ses rues, ses
constructions et ses places ont reçu beaucoup d'améliorations. - Près
de la place Duguesclin est une promenade vaste et très bien plantée. Les
anciens fossés de la ville ont aussi été convertis en promenades. - Sur
cette place qui porte le nom de Duguesclin, on montre le puits que
franchit ce guerrier, lors de son combat singulier avec Thomas Kantorbery.
- Dinan a deux églises, toutes les deux de construction gothique. - On y
remarque un singulier mélange de piété et de grotesque, de sacré et de
profane ; on y voit même quelques sculptures d'un genre très libre,
notamment dans l'église dédiée à Saint-Malo. L'église de
Saint-Sauveur renferme des bas-reliefs représentant les amours de
Psyché. C'est dans cette église qu'en 1810 fut transféré le cOEur du
fameux connétable Duguesclin dont le corps avait été inhumé à
Saint-Denis, avec les rois de France. Ce cOEur avait été d'abord
déposé dans l'église des Dominicains, dans le tombeau de Tiphaine
Raguenel, première femme du héros breton ; mais cette église fut
détruite pendant la Révolution. Une table de marbre de forme pyramidale,
plaquée contre le mur de l'église, et décorée d'une urne funéraire et
des aigles, armes de la maison de Duguesclin, indique le lieu où cette
relique glorieuse est aujourd'hui déposée. - On visite avec plaisir, à
Dinan l'ancien château qui faisait partie des fortifications de la ville
et qui a été construit ou tout au moins habité par la reine Anne. On
voit encore dans la chapelle le fauteuil de cette princesse. Depuis
quelques années ce château a été converti en prison.
A peu de distance de Dinan, on trouve une source d'eau minérale
ferrugineuse et vitriolique qui attire un grand nombre de malades. On y
remarque une jolie salle de réunion pour les étrangers. Les chemins
ombragés qui y conduisent traversent des sites fort pittoresques et sont
pratiqués de manière à offrir des pentes douces et des promenades
commodes. - On voit sur un mamelon en partie naturel et en partie
artificiel, peu éloigné de Dinan l'ancien château de Léhon ou Léon,
dont les historiens de Bretagne font souvent mention ; ce château a
dit-on été construit sur les ruines d'un fort bâti par les Romains ; il
servait à loger le poste préposé à la garde de la Rance, et il a
plusieurs fois été abattu et réédifié. - En 1169, il fut détruit par
suite d'un traité fait entre Louis-le-Jeune et le roi d'Angleterre Henri
II ; on le rétablit depuis sur ses anciennes fondations ; il existait
encore en 1402 ; aujourd'hui il n'en reste que des débris. - La position
en est très forte, la plate-forme au sommet du mamelon, est vaste et
flanquée de huit tours qui dominent les campagnes voisines, on remarque
dans ses tours un souterrain qui, d'après la tradition populaire,
communique avec le château de Dinan.
GUINGAMP, sur le Trieux chef-lieu d'arrondissement à 7 l.
O.-N.-O. de Saint-Brieuc. Pop. 6,109 habit. - Cette ville était une des
plus considérable du duché de Penthièvre ; elle est située au milieu
de belles plaines et était autrefois enfermée de murailles dont il reste
encore une partie.
On voit au milieu de la place une fort belle halle devant laquelle est
une jolie fontaine.
Une grande rue traverse la ville d'un bout à l'autre, et dans le
milieu est l'église paroissiale, ornée d'un clocher à flèche et d'une
tour carrée surmontée d'une espèce de dôme. - On remarque dans la
ville quelques belles constructions ; les environs offrent d'agréables
promenades.
PONTRIEUX, sur le Trieux, chef-lieu, de canton, à 4 l. N. de
Guingamp. Popul. 1,647 habit. - Cette petite ville est le seul port de
arrondissement de Guingamp. C'est une ville fort ancienne, bâtie au pied
d'un vieux château nommé Châteaulin et qui est aujourd'hui en ruines.
Elle a soutenu plusieurs sièges et a été plusieurs fois prise par les
Anglais. - Dans le XVe siècle, la ville de Portrieux fut saccagée et
prise par Pierre de Rohan et alors on démolit Châteaulin. - L'église
paroissiale est située hors de la ville, sur la route de Guingamp ; elle
passe pour la plus laide de toute la Bretagne. Il existait autrefois dans
la ville une chapelle, démolie il y a peu d'années, et qui a fait place
à une jolie halle, au-dessus de laquelle se trouve la mairie. La ville
n'est pas mal percée ; on y remarque quelques jolies maisons, une place
assez belle et une promenade plantée de tilleuls, elle est divisée en
deux quartiers par le Trieux, que des maisons bordent de chaque côté, et
sur lequel un pont est jeté pour les communications. - Le port, assujetti
au flux et au reflux est situé à environ trois lieues de l'embouchure du
Trieux dans la Manche et à quelques portées de fusil au-dessus de la
ville ; il y existe dans le voisinage quelques auberges et des magasins.
LANNION, sur le Leguer, chef-lieu d'arrondissement, à 19 l. 1/2
O.-N.-O. de Saint-Brieuc. Pop. 5,371 habit. - Lannion, qui est dans une
situation favorable pour le commerce, et qui possède sur le Léguer un
port peu éloigné de l'Océan et d'un accès facile, mais où ne peuvent
plus remonter, comme il y a 40 ans, les navires de 250 tonneaux, est une
ville ancienne. - C'était autrefois le chef-lieu d'un comté. Elle était
fortifiée. L'histoire de Bretagne de Lobineau rapporte qu'elle fut prise
par trahison par les Anglais en 1346, que la ville fut pillée et qu'une
partie des habitants furent égorgés ou rançonnés. Le port de Lannion
est bordé d'un quai large et spacieux. D'un côté il est garni de
maisons, de l'autre se trouve l'hôpital. A l'extrémité du quai est une
jolie promenade où la vue s'étend sur la campagne. - Sur ce quai se
trouve aussi la source d'eau minérale de Lannion, source ferrugineuse,
vitriolique et sulfureuse dont les eaux sont employées avec succès
contre la pierre et l'hydropisie. - Lannion, malgré sa position agréable
est une ville triste et mal bâtie. Ses rues sont étroites et escarpées
; elle possède deux petites places et deux fontaines, un collège, une
petite caserne et deux hôpitaux. - L'église principale est un édifice
dont la construction remonte au XIIe siècle.
TREGUIER, port de mer forme par l'embouchure de deux rivières,
le Guindy et le Jaudy, chef-lieu de cant., à 2 l. S. de l'Océan, et à 5
l. N.-E. de Lannion. Popul. 3,178 habit. - Dans le VIe siècle existait
dans la presqu'île de Trécor, un monastère fondé par saint Tugdual,
sur l'emplacement duquel, deux siècles plus tard, en 848, s'éleva une
église cathédrale. - Les maisons qu'on bâtit près de cette église
formèrent la ville de Tréguier. - Quelques géographes prétendent
qu'elle se trouve voisine de l'antique Vorganium, cité des Ossismiens.
D'autres veulent que Tréguier ait été bâtie sur les ruines de
l'ancienne Lexobie, ville détruite en 836 par les Danois aux ordres de
Hasting. M. Habasque combat cette opinion et place Lexovium à
l'embouchure du Léguer, au village de Coz-Yaudet, commune de Ploulech. -
Tréguier devint dans le vie siècle le siège d'un évêché. En 1386
Olivier de Clisson y fit construire un château en bois de 3,600 pas de
diamètre, et disposé de façon à pouvoir se démonter. Ce château
était destiné pour une descente en Angleterre, expédition que les
tempêtes empêchèrent de réussir. - En 1592 les Espagnols
débarquèrent devant Tréguier, s'emparèrent de la ville la pillèrent
et la brûlèrent en partie. - Tréguier est bâtie sur un coteau en
amphithéâtre qui fait face à la mer ; cette ville, qui s'améliore tous
les jours, a des rues propres et bien pavées une jolie promenade plantée
d'ormes, un beau quai également planté d'arbres, une belle place
centrale où se trouve une fontaine publique, une forme, édifice
élégant à forme octogone, avec îles arcades en pierres de taille et
des balustres en fer. - Le monument le plus remarquable est la
cathédrale, église gothique curieuse par son architecture, par son
clocher percé a jour et par les sculptures qui la décorent. - On y
voyait naguère le tombeau de Jean dit le Bon, duc de Bretagne. et celui
de saint Yves, chef-d'OEuvre d'architecture gothique. Saint Yves, né aux
environs de Tréguier, est le patron de la ville.
LOUDEAC, chef-lieu d'arrond., à 15 l. S. de Saint-Brieuc. Pop.
6.736 habit. - Cette petite ville, située près de la vaste forêt de
même nom, ne parut pas avoir joué un grand rôle dans l'histoire du
pays. - Elle doit à sa position au sud du département d'avoir été
choisie pour chef-lieu d'un arrondissement ; elle ne renferme aucun
monument remarquable, mais elle est le centre d'une fabrication très
étendue de toiles dites de Bretagne ; il y existe une chambre
consultative des manufactures, deux pensionnats pour les garçons et pour
les filles, et tous les établissements publics et administratifs qui se
trouvent dans un chef-lieu d'arrondissement.
VARIÉTÉS
- MOEURS BRETONNES
PARDONS
Le culte des fontaines survécut longtemps en Bretagne à l'abolition
du paganisme. Le clergé, ne pouvant détruire cette piété
héréditaire, se décida, pour en tirer parti, à bâtir des chapelles
auprès de ces lieux d'antiques pèlerinages. Le respect des fontaines fut
ainsi transmis aux saints sous l'invocation desquels les nouveaux temples
furent placés. - Chaque chapelle eut un pardon, c'est-à-dire un jour de
pèlerinage, qui attira les populations éloignées ; jalouses d'offrir au
saint le tribut de leur piété et de recueillir les bienfaits de
spiritualité merveilleuse car chaque saint présida à quelques maladies
ainsi saint Iflam guérit les clous ; saint Meen la gale ; saint Caradec,
sain Ilec, saint Dourlon, saint Colomban guérissent les uns la fièvre,
les autres l'épilepsie, la paralysie, etc. - Tel saint, comme saint Eloy,
ne se mêla que des chevaux et des juments, tel autre ne traita que les
bêtes à cornes. - On arrivait de dix lieues, à ces chapelles, traînant
les bestiaux qu'on voulait faire guérir ou portant les enfants malades.
Ces assemblées ou pardons, qui avaient autrefois un but religieux, ne
sont plus aujourd'hui que des réunions pour le divertissement et le
plaisir. - On y joue aux quilles, aux dés, à quelques jeux de hasard. -
On visite les boutiques de quincaillerie et de mercerie. - Les jeunes gens
font de petits cadeaux à leurs amies. - On y mange du pain blanc et des
gâteaux, mais surtout on danse, quelquefois au son d'un mauvais violon,
mais plus souvent au son du bignou de la bombarde et du tambourin, qui
composent l'orchestre national des Bas-Bretons. - Des mendiants étalent
leurs plaies dégoûtantes, des charlatans rassemblent des dupes. - Sous
des tentes établies de distance en distance sont les groupes de buveurs,
dont la gaieté bruyante est quelquefois troublée par les disputes des
ivrognes. - Le curé choisit ordinairement ce jour pour donner un grand
dîner aux notables de l'endroit. - Les jeunes gens et les jeunes filles
flânent ou se témoignent publiquement leur amour, en se regardant
tendrement et en fouillant dans les poches les uns des autres.
Quant aux riches ménagères, elles prennent la tasse de café et le
coup de liqueur. Quelques-unes fument, mais cela est rare. Chez les hommes
cette habitude contractée dès l'âge de treize ou quatorze ans est
générale ; aussi la consommation que les campagnes fait en tabac à
fumer est-elle énorme. Il n'en est pas de même du tabac en poudre,
quelques vieilles femmes seulement en font usage 4 (*).
COURSES DE CHEVAUX
Le goût des courses de chevaux est aussi répandu dans la
Basse-Bretagne qu'en Angleterre.
Les courses locales y sont en usage depuis un temps immémorial. Les
paysans se cotisent pour faire les frais du prix. Un mouton, ou
quelquefois un bOEuf, est la récompense du vainqueur. Ces courses ont
lieu fréquemment lors des mariages. - Les chevaux qui concourent ne sont
pas, comme on peut le penser, des chevaux de prix, mais de bons et
vigoureux bidets bretons remplis d'ardeur et capables de résister
long-temps à la fatigue. Ce n'est pas aux hommes seuls qu'est réservé
l'honneur de la lutte. Les femmes y sont admises celles qui veulent courir
ôtent leurs coiffes et se ceignent la tête d'un ruban rouge pour retenir
leurs cheveux ; ensuite, montant à cru comme un soldat romain,
cramponnées sur leur coursier qu'elles excitent de la voix et du geste,
elles se précipitent dans la carrière, bravant le danger de se rompre le
cou ou de rester comme Absalon suspendues aux branches basses de quelques
arbres, sans compter d'autres grotesques accidents, car ces courses, qui
sont de véritables parties de plaisir pour les paysans, n'ont pas lieu
comme les courses solennelles sur un terrain plat ou sur une grève unie,
elles ressemblent aux courses au clocher des Anglais. Le but qu'il faut
atteindre est souvent à une lieue de distance, et pour y arriver on doit
franchir tous les obstacles qu'opposent les haies, les ravins, les pentes
rapides et les coteaux escarpées. - Du Côté de Quimper il y a des
courses ou le cheval porte à la fois le cavalier et sa femme en croupe.
Ce sont les plus dangereuses.
HABITUDES RURALES
Les maisons, cachées derrière des fossés (buttes couvertes d'arbres
et de boissons), sont toujours situées dans les lieux les plus bas, afin
que les eaux, s'y réunissant, putréfient plus vite les pailles, les
joncs et les genêts dont les cultivateurs font leur fumier. Un hangar
couvert de chaume reçoit les charrues et les instruments de labourage.
L'aire à battre les grains est découverte. On connaît peu l'usage des
granges ; les grains se déposent dans les greniers de la maison
principale, et les pailles se conservent en mulons, (meules). Autour de
l'habitation s'étendent les vergers, les champs et les prairies, toujours
entourées de fossés couverts de chênes ou de frênes, d'épines
blanches, do ronces on de genêts. Ces fossés Sont tapissés de
violettes, de perce-neige, de roses, de jacinthes sauvages, de mille
fleurs des couleurs les plus vives d'une variété incroyable ; l'air en
est parfumé l'oeil en est enchanté. Mais an milieu de ces sites
délicieux vivent des Bas-Bretons sales, grossiers, sauvages. Leurs
habitations, sans lumière, sont pleines de fumée : une claie légère la
divise. Le maître du ménage, sa femme, ses enfants et ses petits-enfants
en occupent une partie ; l'autre contient les bOEufs, les vaches et les
autres animaux de la ferme. Les maisons n'ont pas ordinairement 30 pieds
de long sur 15 de profondeur ; une seule fenêtre, de 18 pouces
l'ouverture, leur donne un peu de jour ; le rayon lumineux éclaire un
bahut sur lequel est une masse de pain de seigle posée sur une serviette
grossière. Deux bancs, on plutôt deux coffres sont à côté du bahut,
qui sert de table. Aux deux côtés d'une vaste cheminée sont placées de
grandes armoires ouvertes, et à deux étages. Là, superposés, et
séparés seulement par quelques planches, sont les lits où couche la
famille on n'y peut entrer que penché car la hauteur des étages n'est
quelquefois que de deux pieds. Un sac plein de balle d'avoine ou de
seigle, sert de matelas beaucoup sont sans draps ; des étoffes de laine
grossière, de fil d'étoupes, de poils tissus ou d'antres sacs de balle,
serrent de couvertures. Le reste de l'ameublement répond aux lits ; il
est composé d'écuelles de terre, de quelques assiettes d'étain. d'un
vaisselier, d'un plateau de fer pour faire les crêpes, de chaudrons,
d'une poile et de plusieurs pots à lait.
CAQUEUX
La Basse-Bretagne a eu, longtemps ses Parias. - Les cordiers, les
écorcheurs de bêtes mortes étaient autrefois nommé.. caqueux, cacous
ou caquins, et considérés comme infâmes. - Quelques auteurs pensent
qu'ils sont les descendants des Alains, que les Bretons avaient réduits
en esclavage. - Quoi qu'il en soit, ils inspiraient un tel mépris qu'en
1436, l'évêque de Tréguier leur prescrivit de se placer au bas des
églises lorsqu'ils assisteraient au service divin. - On les traitait
comme des lépreux, François II, dans le XVe siècle, leur prescrivit de
porter sur leurs vêtement une marque apparente. - On poussa la rigueur à
leur égard jusqu'à leur refuser de les laisser remplir leurs devoirs
religieux, et on repoussa leurs cadavres du cimetière chrétien. Il
fallut des arrêts du Parlement pour les rétablir dans le droit commun ;
cependant à Maroué, prés de Lamballe, où il existait une corderie
célèbre, les cordiers étaient encore, il y a vingt ans, enterrés à
part. Aujourd'hui même, dans les campagnes, on les mépris et on les
dédaigne, et les familles qui jouissent de quelque réputation ne
voudraient pas contracter d'alliance avec eux quel que fût l'avantage
qu'elles pussent d'ailleurs y trouver.
DIVISION
POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE
POLITIQUE
Le département nomme 6 députés. - il est divisé en 6
arrondissements électoraux, dont les chefs-lieux sont: Saint-Brieuc
(ville et arr.), Dinan, Guingamp, Lannion, Loudéac. Le nombre des
électeurs est de 1,499.
ADMINISTRATIVE
Le chef-lieu de la préfecture est Saint-Brieuc.
Le département se divise on 5 sous-préfectures ou arrond. comm.
Saint-Brieuc : 12 cantons, 95 communes, 171,730 habit.
Dinan : 10 cantons, 91 communes, 111.739 habit.
Guingamp : 10 cantons, 75 communes, 115,679 habit.
Lannion : 7 cantons, 62 communes, 103,120 habit.
Loudéac : 9 cantons, 56 communes, 96,604 habit.
Total : 48 cantons, 377 communes, 598,872 habit.
Service du trésor public. - 1 receveur général et 1 payeur
(résidant à Saint-Brieuc,. 4 receveurs particul, 5 percept d'arrond.
Contributions directes,. - 1 directeur (à Saint-Brieuc), et I insp.
Domaines et Enregistrement. - 1 directeur (à Saint-Brieuc), 2
inspecteurs. 3 vérificateurs.
Hypothèque. - 5 conservateurs dans les chefs-lieux d'arrondissements
communaux.
Contributions Indirectes. - 1 directeur (à Saint-Brieuc), 4 directeurs
d'arrondissements, 6 receveurs entreposeur.
Forêts. - Le département fait partie de la 25e conservation
forestière, dont le chef-lieu est Saint-Brieuc.
Ponts-et-chaussées. - Le départ. fait partie de la 10' inspection,
dont le chef-lieu est Rennes, - Il y a 1 ingénieur en chef en résidence
à Saint-Brieuc, chargé en outre de la surveillance du canal de Nantes a
Brest, et 1 ingénieur ordin. faisant les fonctions d'ingénieur en chef
à Glomel.
Mines. - Le département fait partie du 3e arrondissement et de la 1e
division, dont le chef-lieu est Paris.
Haras. - Le département fait partie, pour les courses de chevaux, du
4e arrond. de concours, dont le chef-lieu est Saint-Brieuc.
Les courses ont lieu dans la première quinzaine de juillet. La
circonscription de l'arrondissement comprend 9 départ. (Côtes-du-Nord,
Finistère, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure, Maine-et-Loire,
Deux-Sèvres, Vendée et Mayenne). - Il y avait à Lamballe un dépôt
royal où se trouvaient 151 étalons. Il a été supprimé en 1854.
Remontes militaires. - Il y a à Guingamp un dépôt de remonte
militaire pour la cavalerie de l'armée. Ce dépôt, en 1831,a acheté 529
chevaux : 57 pour la cavalerie de réserve 117 pour la cavalerie de ligne,
et 355 pour la cavalerie légère, au prix moyen de 365 fr. 52 c. Total
193,360 fr. (En 1830, le prix moyen avait été de 405 fr. 15 c.)
MILITAIRE. - Le département fait partie de la 13e division militaire,
dont le quartier général est à Rennes. - Il y a à Saint-Brieuc : - 1
maréchal de camps commandant la subdivision ; 1 sous-intendant militaire.
- Le dépôt de recrutement est à Saint-Brieuc. - La compagnie de
gendarmerie départementale fait partie de la 5e légion, dont le
chef-lieu est à Rennes.
MARITIME. - Il y a dans le département : à Saint-Brieuc, 1
commissaire de marine ; à Paimpol et à Dinan, 2 sous-commissaires ; à
Saint-Brieuc et à Paimpol, 2 trésoriers de la marine, 2 écoles
d'hydrographie.
JUDICIAIRE. - Les tribunaux sont du ressort de la cour royale de
Rennes. - Il y a dans le département 5 tribunaux de 1ere instance, à
Saint-Brieuc (2 chambres), Dinan, Guingamp, Lannion, Loudéac, et 3
tribunaux de commerce, à Saint-Brieuc, Paimpol et Quintin.
RELIGIEUSE. - -Culte catholique. - Le département forme le diocèse
d'un évêché érigé dans le IXe siècle, suffragant de l'archevêché
de Tours, et dont le siège est à Saint-Brieuc. - Il y a dans le
département, à Saint-Brieuc : un séminaire diocésain qui compte 160
élèves ; - 3 écoles secondaires ecclésiastiques à Dinan, à Tréguier
et à Plouguernével. - Le département renferme 7 cures de 1ere classe,
41 de 2e, 315 succursales et 292 vicariats. - Il. y existe des frères de
la doctrine chrétienne et 14 communautés religieuses et hospitalières
de femmes.
UNIVERSTE. - Le département des Côtes-du-Nord est compris dans le
ressort de l'Académie de Rennes.
Instruction publique. -- Il y a dans le département: 4 collèges, à
Dinan, à Lannion, à Saint-Brieuc, à Guingamp - Le nombre des écoles
primaires du département est de 165, qui sont fréquentées par 1l,309
élèves, dont 6,402 garçons et 4,937 filles. - Les communes privées
d'écoles sont au nombre de 266.
SOCIETES SAVANTES, ETC.- Il existe a Dinan une Société d'Agriculture,
de Commerce et d'Industrie ; - à Saint-Brieuc, une école d'application
ose arts et métiers ; - à Loudéac, Guingamp et Lannion, des Sociétés
d'Agriculture.
POPULATION
D'après le dernier recensement officiel, elle est de 598,872 hab. et
fournit annuellement à l'année 1,487 jeunes soldats. Le mouvement en
1830 a été de :
Mariages : 4,574
Naissances : Masculins Féminins
Enfants légitimes : 9,408 8,955 }
Total 18,796
Enfants naturels : 215 218 }
Décès : 8,703
8,467 Total 17,170
Dans ce nombre 3 centenaires.
GARDE
NATIONALE
Le nombre des citoyens inscrits est seulement de 13,702. Dont: 8,032
contrôle de réserve. 5,670 contrôle de service ordinaire. Ces derniers
sont répartis ainsi qu'il suit: 5,001 infanterie - 18 cavalerie. - 207
artillerie - 444 sapeurs-pompiers On en compte: armés, 4,614 ; équipés,
3,049 ; habillés, 2,692. L'organisation de la garde nationale est
suspendue dans 549 communes. D'après la population, et si tous étaient
inscrits, 38,326 seraient susceptibles d'être mobilisés. Ainsi, sur
1.000 individus de la population générale, 25 sont inscrits au registre
matricule, tandis que 65 sur 1,000 seraient mobilisables ; sur 100
individus inscrits sur le registre matricule, 41 sont soumis au service
ordinaire, et 59 appartiennent à la réserve.- Les arsenaux de l'Etat ont
délivré à la garde nationale 5,766 fusils, 255 mousquetons, 12 canons5
et un assez grand nombre de pistolets, de sabres, etc.
IMPOTS
ET RECETTES
Le département a payé à l'Etat (en 1831) Contributions directes :
3,714,172 f. 84 c Enregistrement, timbre et domaines : 1,225,685 27
Douanes et sels : 846,456 69 Boissons, droits divers, tabacs et poudres :
5,557,509 69 Postes :187,66s 90 Produit des coupes de bois : 18 94
Produits divers : 71,864 62 Ressources extraordinaires 876,298 55 Total .
10,259,670 f. 48 c.
Il a reçu du Trésor 5,597,902 f. 59 c., dans lesquels figurent: La
dette politique et les dotations pour 824,159 f. 28 c. les dépenses du
ministère de la justice 152,646 02 de l'instruction publique et des
cultes 499,429 51 de l'intérieur 6,660 " du commerce et des travaux
publics. 1,249,840 91 de la guerre 1,515,475 58 de la marine 5,675 02 des
finances 140,108 18 Les frais de régie et de perception des impôts
964,995 95 Remboursement, restitut.,non valeurs et primes 242,916 56 Total
5,597,902 f. 59 c.
Ces deux sommes totales de paiements et de recettes représentant, à
peu de variations près, le mouvement annuel des impôts et des recettes,
le département paie annuellement (déduction faite du produit des
douanes) 4,015,511 fr. 20 c. de plus qu'il ne reçoit. Cette somme,
consacrée aux frais du gouvernement central, dépasse le cinquième du
revenu territorial du département.
DÉPENSES
DÉPARTEMENTALES
Elles s'élèvent (en 1831) à 310,072 f. 76 c. SAVOIE : Dép. fixes :
traitements, abonnements, etc. 79,061 f. 06 c. Dép. Variables loyers,
encourag. secours, etc. 251,011 70 Dans cette dernière somme figurent
pour 41,000 f. >> c. les prisons départementales, 45,000 f.
>> c. les enfants trouvés, Les secours accordés par l'Etat pour
grêle, incendie, épizootie, etc., sont de 9,200. " Les fonds
consacrés au cadastre s'élèvent à 65,685 14 Les dépenses des cours et
tribunaux sont de 118,525 59 Les frais de justice avancés par l'État de
58,900 94
INDUSTRIE
AGRICOLE
Sur une superficie de 701,251 hectares, le départ. en compte : 270,000
mis en culture. - 50,562 prairies. - 165,756 pâturages. - 32.215 forêts.
- 133,933 - landes et friches.
Le revenu territorial est évalué à 19,258,000 francs.
Le départ. renferme environ : 75,000 chevaux. - 220,000 bêtes à
cornes (race bovine). - 15,000 chèvres. - 145,000 moutons.
Les troupeaux de bêtes à laine en fournissent chaque année environ
180,000 kilogrammes.
Le produit annuel du sol est d'environ,
En céréales 1,800,000 hectolitres.
En parmentières 700,000 id.
En avoines 640,000 id.
En cidres 500,000 id.
Bien que le département possède à Lysandré, un établissement rural
digne au tout de servir de modèle, l'agriculture y est encore très
arriérée. - Il y a des cantons où on laboure avec des socs. - Le
système funeste de jachères est généralement répandu. - Le pays
produit néanmoins en céréales, en avoines, en parmentières, plus qu'il
ne faut pour sa consommation ; il renferme d'excellents pâturages. - La
partie du littoral sur laquelle il est possible de se servir comme engrais
de goémon et d'algues marines est très fertile. - La culture des plantes
textiles est répandue, mais on néglige complètement celle des arbres
fruitiers, à l'exception des pommiers, dont le fruit est employé à
faire du cidre. - Les cultivateurs s'adonnent à l'élève des chevaux et
des bêtes à cornes et à l'éducation des abeilles ; la race ovine est
faible et petite. On estime, pour la qualité de leur chair, les moutons
de Goëlo.
INDUSTRIE
COMMERCIALE
Les arrondissements de Lannion, de Saint-Brieuc et de Dinan sont
principalement maritimes ; on s'y occupe d'armements pour la pèche et de
cabotage. Saint-Brieuc fait des armements pour la pêche de Terre-Neuve,
la mer du sud et les Antilles. - Tréguier se livre à la pêche du
maquereau. - Dinan et Lannion s'occupent du cabotage et des exportations.
- Il existe à Saint-Jacut-Landouart, à quatre lieues de Dinan, un parc
d'huîtres de Cancale, qu'on expédie pour Paris. - Saint-Brieuc a
employé, en 1828, à la pêche de la morue, 47 bâtiments, jaugeant
ensemble 8,090 tonneaux ; ces bâtiments, montés par 2,610 marins, ont
rapporté 4,669,200 kilogrammes de morue, rogue, etc., d'une valeur
ensemble de 1,845,405 francs. En 1833 le nombre des navires expédiés par
les ports du département, s'est réduit à 20 seulement, jaugeant 2,744
tonneaux, et montés par 731 marins. Les retours de la pêche ont subi, on
peut le présumer, une baisse proportionnelle. - On évalue à 600,000
francs le produit annuel de la grande et petite pêche sur les côtes du
département. - La fabrication du fil, des toiles et celle des cuirs,
figurent en première ligne dans l'industrie des arrondissements de
Guingamp et de Loudéac. On fait remonter au XVe siècle l'établissement
de cette industrie dans le pays, et on en fait honneur à une baronne de
Quintin, dame flamande, qui aurait fait venir de son pays des fileuses, et
fait semer du lin et du chanvre. - D'après des documents officiels
publiés en 1854, par l'Annuaire Dinanais, la fabrication des toiles dans
le seul arrondissement de' Loudéac, occupe rait environ 4,000 métiers,
mis en action par 4,000 tisserands et produisant annuellement 2,000,000
d'aunes de toile d'une valeur de 4,000,000 francs. Les toiles de Bretagne
sont recherchées principalement pour le commerce avec l'Amérique du Sud.
- Le départ, renferme 4 hauts fourneaux pour gueuses et mouleries, et 6
forges. Il possède un grand nombre de tanneries, des papeteries, des
filatures de laine, des fabriques d'étoffes communes, des manufactures de
souliers de troupes et de pacotille, des fabriques de sucre de betterave,
un assez grand nombre de marais salants (52), plusieurs exploitations
d'ardoises, des fabriques de poterie et de faïencerie, etc. -
L'exportation des grains, des bestiaux, des chevaux, des suifs, du beurre
salé, de la cire et du miel, produits principaux de l'industrie agricole,
donne lieu à un commerce étendu.
RÉCOMPENSES
INDUSTRIELLES
A l'exposition de 1854, l'industrie du département. a obtenu 3
MEDAILLES de bronze et 5 CITATIONS.
Les médailles de bronze ont été décernées : 2 à M. Baron-Dutaya
(de l'Hermitage), pour toiles de Bretagne et serviettes, et pour fonte
brute ; 1 à M. Lemarchand (de Guingamp), pour cuirs et peaux.
Les citations ont été accordées pour fabrication de toiles de
Pédernée, de coutils, de fils de lin retors, et de tuyaux à incendie en
fil de chanvre. A l'exposition des produits de l'industrie de 1827, il
avait été donné 1 MEDAILLE DE BRONZE à M. Leglâtre (de Saint-Brieuc),
pour cuirs ; 3 MENTIONS HONORABLES, à MM. Lemarchand (de Guingamp), pour
cuirs ; Pierre Gancel (de Châtelaudren), Epiphane Lenoir (de Lannion),
pour chapellerie en feutre, enfin 6 CITATIONS, à MM. Morvan (de Quintin),
Mahé fils (de Loudéac), pour toiles écrues ; Julien Rochard (de Lamotte),
Charles Raoul (de Guingamp), Doniol père et fils (de Guingamp), et
Théophile Lucas (de Saint-Brieuc), pour fil de lin de bonne qualité.
DOUANES
La direction de Saint-Malo a 5 bureaux principaux, dont 2
seulement sont situés dans le département.
Les bureaux du département ont produit en 1851: Douanes, navig. et
timbre, Sels Total. Paimpol 11,050 f 208,247 f. 222,297 f. Le Legué
151,771 472,388 624,159 Produit total des douanes. 846,456.f.
FOIRES
Le nombre des foires du département est de 424.
Elles se tiennent dans 105 communes, dont 41 chefs-lieux, et durant
pour la plupart 2 à 3 jours, remplissent 469 journées. Les foires
mobiles, au nombre de 248 occupent 475 journées. Il y a 5 foires
mensaires. 274 communes sont privées de foires. Les articles de commerce
sont les bestiaux, les chevaux, les cuirs en vert, les grains, la laine,
le fil de lin, le chanvre, les toiles, etc. On cite Saint-Albans pour la
vente des oies et de la volaille, Pléboulle pour celle de la plume d'oie.
C'est à la foire d'Etables (3e jeudi d'avril) que les marins qui vont à
Terre-Neuve fout leurs emplettes.
BIBLIOGRAPHIE
Annuaire du département des Côtes-du-Nord ; in-18. Saint-Brieuc, 1805
et 1806.
Statistique monumentaire du département des Côtes-du-Nord (Annales
françaises des arts, sciences, etc., t. x, 1822).
Antiquités de Bretagne par le chevalier de Fréminville, in-8. Brest,
1828 à 1832.
Antiquités historiques et monumentales à visiter de Monfort à
Corseul-par-Dinan, etc., Poignant, in-8. Rennes.
Réponses de M. Habasque à diverses questions de M. Charles Dupin,
in-8. Saint-Brieuc, 1828.
Etudes sur la Bretagne, par M. Habasque Revue de l'Ouest, 1855).
Notions historiques, géographiques. statistiques et agronomiques sur
le littoral du département. des Côtes-du-Nord. par Habasque, in-8.
Saint-Brieuc, 1833.
Annales de la Société d'Agriculture de l'arrondissement de
Saint-Brieuc ; in-8. Saint-Brieuc, 1828 à1850.
Annuaire dinanais ; in-18. Dinan, 1831 à 1834.
Rapport des travaux de la société d'Agriculture, de Commerce et
d'Industrie de Dinan ; in-8. Dinan, 1828. A. HUGO.
On souscrit chez DELLOYE,Editeur, place de la Bourse, rue des Filles -
Saint-Thomas, 12
1 (*) M. Nether aîné, fils de l'artiste habile auquel on doit les
vues des Côtes-du-Nord gravées dans la France pittoresque nous a
adressé une notice sur le monument de Lanleff dans laquelle il exprime
cette opinion.
2 (*) Dans le département des Côtes-du-Nord, on parle brezounecq dans
les arrondissements de Guingamp et de Lannion, et dans une petite partie
de ceux de Loudéac et de Saint-Brieuc. Le français est le seul en usage
dans celui de Dinan.
3 (*) Quelques auteurs prétendent que La Bourdonnais est né à
Saint-Malo. - Dinan, dans les Côtes-du- Nord, le réclame de son côté
comme un de ses plus glorieux enfants.
4 (*) On a remarqué que depuis quelques années la consommation de
tabac avait pris, dans le département des Côtes-du-Nord, un
considérable accroissement, ce que la régie a attribué. aux réunions
fréquentes des gardes nationaux. Le département renferme 605 débitants,
et le produit des ventes s'est élevé en 1831 pour 332,333 kilogrammes,
à 2,377,999 fr. 64 cent. 2
Muriel Allainguillaume :
webmastergenealogie22@yahoo.fr